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Critique de Isa0409
Deux feuilles ont un jour une conversation dans la somptueuse forêt qui a vu naître Bambi :
« Est-il vrai, dit la première, est-il bien vrai que d'autres viendront à notre place quand nous serons parties, puis d'autres encore et encore…
- C'est sûr, chuchota la deuxième, on ne peut pas se le représenter… C'est au-delà de nos capacités…
- Ça m'attriste beaucoup » ajouta la première. Les deux feuilles se turent un moment. Puis la première se dit tout bas « Pourquoi devons-nous partir… ?
- Que nous arrive-t-il quand nous nous détachons ? demanda la seconde.
- Nous tombons…
- Et qu'y a-t-il en bas ?
- Je ne sais pas. »
Parmi tous les trésors de littérature que j'ai trouvés dans ce roman, ce dialogue m'a profondément marquée. Pourquoi ? Car il reflète la peur primaire de l'Homme, l'angoisse de l'inconnu et la peur de la Mort.
Dans Bambi, il ne s'agit pas que d'une histoire pour enfant, pas plus qu'il ne s'agit seulement de la vie d'un faon. Non, l'oeuvre de Felix Salter est bien plus que cela. C'est un monument, un magnifique hommage à la Nature, une magnifique parabole de la vie ; la naissance, la découverte du monde extérieur, la peur de l'inconnu, puis l'insouciance de l'adolescence, l'émancipation, les rencontres de tous genres, avec les sages, et les perturbateurs, la découverte des dangers, la mort, la peine, la douleur et l'indépendance. le thème le plus important est la peur de l'Homme, la paralysie que sa présence représente, indissociable d'une mort certaine.
Car l'Homme, aux yeux des animaux, détruit tout sur son passage, et son corps, armé d'un troisième bras, envoie des coups de tonnerre, pan ! tout tremble, le feu jaillit et les corps cèdent.
Pour autant, l'amour persiste, il continue à côtoyer cette colère incompréhensible. L'amour est omniprésent, sous toutes ses formes ; entre les différents animaux de la forêt jaillit un amour naturel, fraternel, presque inconditionnel. Mais il y a aussi les amours interdites, entre un cerf et un Homme ; l'amour respectueux, lorsque Bambi rencontre son Père et découvre la Sagesse faite corps ; l'amour charnel, irrépressible, entre les cerfs et les femelles ; et l'amour dévastateur, qui déchire tous les animaux lorsque la menace de l'Homme devient trop grande, lorsque la peur prend le dessus et que sauver les siens devient la seule chose qui compte.
Ce n'est pas pour rien que les nazis ont ordonné de brûler tous les exemplaires de Bambi lors de leur arrivée au pouvoir en Allemagne, y voyant dans le roman une « bête » métaphore du destin des Juifs à travers celui de Bambi.
Bien loin du dessin animé premier degré que Walt Disney en a tiré, Bambi est une oeuvre monumentale, ode à l'altruisme, à l'amour et la Nature. J'ai redécouvert un classique, Salten m'a emportée dans sa mystérieuse forêt, tantôt cocon protecteur, tantôt refuge abandonné… miroir de l'Homme acculé à sa faillible condition.
« Est-il vrai, dit la première, est-il bien vrai que d'autres viendront à notre place quand nous serons parties, puis d'autres encore et encore…
- C'est sûr, chuchota la deuxième, on ne peut pas se le représenter… C'est au-delà de nos capacités…
- Ça m'attriste beaucoup » ajouta la première. Les deux feuilles se turent un moment. Puis la première se dit tout bas « Pourquoi devons-nous partir… ?
- Que nous arrive-t-il quand nous nous détachons ? demanda la seconde.
- Nous tombons…
- Et qu'y a-t-il en bas ?
- Je ne sais pas. »
Parmi tous les trésors de littérature que j'ai trouvés dans ce roman, ce dialogue m'a profondément marquée. Pourquoi ? Car il reflète la peur primaire de l'Homme, l'angoisse de l'inconnu et la peur de la Mort.
Dans Bambi, il ne s'agit pas que d'une histoire pour enfant, pas plus qu'il ne s'agit seulement de la vie d'un faon. Non, l'oeuvre de Felix Salter est bien plus que cela. C'est un monument, un magnifique hommage à la Nature, une magnifique parabole de la vie ; la naissance, la découverte du monde extérieur, la peur de l'inconnu, puis l'insouciance de l'adolescence, l'émancipation, les rencontres de tous genres, avec les sages, et les perturbateurs, la découverte des dangers, la mort, la peine, la douleur et l'indépendance. le thème le plus important est la peur de l'Homme, la paralysie que sa présence représente, indissociable d'une mort certaine.
Car l'Homme, aux yeux des animaux, détruit tout sur son passage, et son corps, armé d'un troisième bras, envoie des coups de tonnerre, pan ! tout tremble, le feu jaillit et les corps cèdent.
Pour autant, l'amour persiste, il continue à côtoyer cette colère incompréhensible. L'amour est omniprésent, sous toutes ses formes ; entre les différents animaux de la forêt jaillit un amour naturel, fraternel, presque inconditionnel. Mais il y a aussi les amours interdites, entre un cerf et un Homme ; l'amour respectueux, lorsque Bambi rencontre son Père et découvre la Sagesse faite corps ; l'amour charnel, irrépressible, entre les cerfs et les femelles ; et l'amour dévastateur, qui déchire tous les animaux lorsque la menace de l'Homme devient trop grande, lorsque la peur prend le dessus et que sauver les siens devient la seule chose qui compte.
Ce n'est pas pour rien que les nazis ont ordonné de brûler tous les exemplaires de Bambi lors de leur arrivée au pouvoir en Allemagne, y voyant dans le roman une « bête » métaphore du destin des Juifs à travers celui de Bambi.
Bien loin du dessin animé premier degré que Walt Disney en a tiré, Bambi est une oeuvre monumentale, ode à l'altruisme, à l'amour et la Nature. J'ai redécouvert un classique, Salten m'a emportée dans sa mystérieuse forêt, tantôt cocon protecteur, tantôt refuge abandonné… miroir de l'Homme acculé à sa faillible condition.
