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Critique de ODP31


L'éloge de la glande.
Paresser pour penser, telle est la devise de Lydie Salvayre.
Dans une société qui cherche à accélérer le temps, où l'occupation relève de l'obsession, où laisser un enfant s'ennuyer confine à la maltraitance, l'auteure met ses sarcasmes au service des contemplatifs qui se laissent vivre.
Son livre commence comme une plaidoirie du Dimanche immobile, barrage à la clepsydre, danse au rythme de l'oreiller et de la couette chiffonnée, où le temps fait une pause, bercé par le ronron de la machine à laver et seulement dérangé par les joggers connectés, lycraphiles à la foulée terrifiée par l'immobilité. Pour certains, drogués de l'activité, ne rien avoir à faire, c'est se retrouver seul avec soi-même, scroller ses rêves en brasse coulée et prendre le risque de prendre conscience de ses vacuités.
Lydie Salvayre appelle à la barre plusieurs témoins d'immoralité. Baudelaire, capable de faire fleurir le mal partout et qui prescrivait « le travail non par goût mais par désespoir car travailler est moins ennuyeux que s'amuser », Verlaine, pas mal de vers dans son bas de laine, qui associait paresse et caresse, Vian, pour qui « le travail, c'est ce qu'on ne peut pas s'arrêter de faire quand on a envie de s'arrêter de le faire » et même le Virgile de l'entrée qui ne croyait qu'au travail démiurgique du paysan.
De mon côté, je m'abreuve d'autres sources inépuisables comme Guitry qui sur le sujet, conseillait : « Ne faites jamais l'amour le samedi soir, car s'il pleut le dimanche, vous ne saurez plus quoi faire. »
Si la première partie consacrée au repos du guerrier dominical est convaincante, servie par la verve rieuse et colérique de l'auteure et son sens de la formule définitive, je trouve que la suite, souffre d'une maladie dégénérative : la rancoeur. Cette vision réductrice et un peu datée qui ne considère le travail que sous l'angle de l'aliénation et de la servitude, en négligeant tous ceux qui s'émancipent ou s'épanouissent dans le boulot, gâche un peu les promesses du titre.
Dans la Grande Librairie, à la question traquenard de Trapenard, sur le travail du dimanche, que le récit de Lydie Salvayre ignore bizarrement, cette dernière susurra un peu gênée, qu'elle y était favorable, mais uniquement dans les musées et les salles de spectacle. Sortez les pagaies, Madame rame. le travail oui, mais pour répondre à ses petits besoins… pas celui qui enrichit « les apologistes du travail des autres », formule radotée toutes les cinq pages et dont elle semble très fière.
Si la vie ne se mesure pas au profit, le travail n'est pas forcément une maladie.
Billet chômé.
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