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Critique de JeanRene43


Rue Darwin de Boualem Sansal est une oeuvre intimiste. En effet, l'auteur dans des interviews a confié que ce roman est en partie sur sa famille et donc son roman le plus intimiste. L'auteur est né en 1949, dans un petit village d'Algérie tout comme Yazid, le personnage principal, le narrateur, ils ont connu les mêmes événements du pays, notamment la guerre d'indépendance de 1954 à 1962, le départ des pieds-noirs et la prise de pouvoir des religieux cherchant à créer un citoyen nouveau au service d'Allah, vidant les favelas d'Alger, expédiant les "pauvres en enfer", les nationalisations de biens privés... Ses 5 frères et soeurs ont été autorisés à quitter l'Algerie, leur terre natale pour faire des études principalement en Europe pour doter le pays d'une élite au service des autorités. Ensuite à partir de 1991, la guerre civile opposant le gouvernement aux islamistes. Mais à l'opposé des attentes des autorités, aucun ne reviendra, échappant délibérément au service militaire et donc se positionnant dans l'illégalité. La fratrie s'est disséminée en Europe et en Amérique, fondant, pour la plupart, une famille avec des résidents et ils y ont réussi de belles carrières professionnelles, certains récompensés de distinctions pour leurs contributions au pays d'accueil. Tout comme l'auteur, Yazid est resté au pays. Pour l'auteur c'est un choix assumé bien que ses oeuvres critiquent le pouvoir religieux et civil mais aussi les déviances islamistes et s'expose de fait à un vrai danger au regard des méthodes tant des uns que des autres. Yazid, a choisi de rester auprès de sa mère et là on ne sait pas si on est dans la pure fiction ou s'il s'agit aussi d'une motivation supplémentaire pour l'auteur. Tous ces événements représentent le décor pour l'histoire intime de Yazid qu'il nous fait revivre depuis sa naissance jusqu'à maintenant où il comprend des énigmes qui lui étaient cachées. C'est un très beau roman, un chef d'oeuvre qui livre d'innombrables réflexions philosophiques, sociétales et politiques. On peut là supposer sans trop se tromper que l'auteur et le narrateur fusionnent. L'auteur nous livre ses pensées, analyses, critiques par la voix de son personnage. J'aime beaucoup cet auteur, son personnage, ce roman qui nous fait aimer l'Algérie, les algériens si souvent dominés par des pouvoirs bien éloignés des intérêts du peuple. Une des dernières réflexions nous attriste de savoir que l'Algerie reste très éloignée d'un possible état démocratique tant l'islam et les religieux ont de l'influence sur les êtres. Finalement malgré tous les avatars cette oeuvre est une belle leçon de vie, tous les espoirs sont permis même aux plus démunis...
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