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Critique de SZRAMOWO


Roman reçu dans le cadre d'une masse critique Babelio en vue de la rencontre avec l'auteur ce jour même, lundi 26 octobre. Je découvre Rachid Santaki et ce roman documentaire. L'auteur nous accompagne dans une plongée en apnée dans la banlieue, celle dont on entend parler à la télé mais ont on n'a aucune véritable connaissance hormis celles obtenue par le prisme du Karcher de Sarkozy ou des rodomontades de son poulain Darmanin. Santaki comprend et explique sans excuser.
Il décrit avec des mots simples l'engrenage dans lequel se trouvent les personnages de son roman. La loi de la Cité. "Ces jeunes avaient les mêmes codes que les bandes d'Amérique du Sud; Pourtant nous étions en France, le pays des droits de l'homme, un pays où nous étions bien lotis" avance-t-il.
Nous assistons en direct, mais Santaki évite le voyeurisme par son style simple et sans emphase, aux événements qui conduisent trois ados d'une cité du 93 (Damien, Sofiane et Moussa) à commettre l'irréparable (le meurtre de Mathieu) en le faisant savoir car, pour eux, le buzz sur les réseaux sociaux est plus important que le contenu violent ou illégal de la scène qu'ils tournent. le plus important n'est-il pas de vivre "la vraie vie", comme dans ce titre du rappeur de Sevran, Da Uzi, qui chante "la vie est moche comme les toilettes au mitard."
"A la demande d'un bailleur social", Santaki a "mené des ateliers d'écriture" qu'ils jugeait "plutôt prometteurs à Joliot-Curie", un quartier de Saint Denis. Mais il fait part du sentiment de gâchis et d'impuissance qu'il éprouve en quittant l'établissement, face à ces jeunes sans cadre.
Rien pour ces jeunes, hormis les initiatives individuelles, comme celles d'Hamadi, un éducateur qui choisit de rester dans la cité, pour accompagner les jeunes, "pas pour plaire à son chef de service", et se trouve contraint de rejoindre une association car les services sociaux le trouve "trop proche des détenus" et lui reprochent de "ne pas mettre de costume"
Le roman de Santaki pose les questions qui font mal à tous les décideurs depuis un demi siècle en France où, malgré les politiques de la ville menées par les différents gouvernements, rien n'a changé dans la vie des "quartiers" comme on a pris l'habitude de dire !
"Cette jeunesse s'entretuait, elle vivait dans un monde virtuel basé sur l'image et, quand elle en sortait, elle explosait et plongeait dans une violence extrême."
Malgré les succès de ses ateliers d'écriture en prison, la qualité reconnue des liens qu'il tisse avec les détenus, les interrogations ne manquent pas pour Santaki, il interroge ses pratiques, ses origines et ses choix de vie différents de ceux de ses anciens compagnons de la cité. Comme l'éducateur Hamadi, il doute. Il évoque pour eux deux, le "syndrome du conflit de loyauté" et constate simplement qu'ils vieillissent. Les rappeurs politisés de leur époque (IAM, NTM) ne sont plus ceux prisés des jeunes aujourd'hui (Heus, Jul, Lacrim) tournés uniquement vers le divertissement.
L'intérêt de ce roman est de faire cheminer le lecteur au rythme de l'auteur.
Quand Santaki, avec l'aide d'Hamadi, décide de recontacter Kader, celui par qui tout est arrivé, mêmes si il n'est pas directement impliqué dans le meurtre de Mathieu, il ne sait pas comment il va traiter le sujet. C'est lorsqu'il retrouve Sofiane incarcéré à Meyzieu, un centre dans lequel il mène un atelier d'écriture que son projet murira et qu'il le livrera sous la forme du livre qu'il nous est donné de lire aujourd'hui.
Rachid Santaki est un auteur à découvrir. J'ajouterai que ce livre est selon moi un contrepoint interessant de l'ouvrage d'Erwan Duty "Une histoire des banlieues françaises" dans lequel il écrit notamment : "Les banlieues nous aident à comprendre l'ensemble de la société française, car elles en sont un condensé."
Lumineux !

Lien : https://camalonga.wordpress...
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