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Critique de ChryseiaVonSourde


Mario Santiago Papasquiero (1953-1998), camarade de Roberto Bolaño, m'était parfaitement inconnu.
Errant parmi les rayons d'une librairie, en quête d'une rencontre livresque à défaut d'un être de chair et de sang, je tombai sur ce petit volume (parfait comme toujours avec les éditions Allia), dont j'avais repéré le titre en début d'année. C'était le texte dont j'avais besoin pour retrouver le sens de l'existence, ou plutôt de la souffrance, en ces jours sombres.
Lire ces Conseils d'1 disciple de Marx à 1 fan d'Heidegger (poème composé en 1975), c'est s'abstraire de notre monde contemporain des plus navrants pour retrouver le coeur flambant de la révolte pure et totale. Donné en espagnol et dans la traduction de Samuel Monsalve, ce texte poétique aux faux airs de manifeste fait exploser les limites étouffantes de notre pensée rabougrie par le quotidien et offre l'expérience d'un kaléidoscope qui exprime à merveille le vécu subjectif. Quel enchantement dans la langue de MSP (ainsi qu'il se désignait lui-même), quelle force aussi !
"La Realidad & el Deseo se revuelcan / se destazan
se desparraman 1 sobre otra
como nunca lo harían en 1 poema de Cernuda
La Réalité & le Désir se culbutent / se dépècent
se répandent l'1 sur l'autre
comme jaja dans un poème de Cernuda"
(Pourquoi « jaja » ? J'aimerais ici interroger le traducteur.)
Pauvreté et rêves, lutte des classes jamais finie et quête existentielle, la ville, les corps, la nature, l'espoir, l'amour, Ernesto Che Guevara et Wilhelm Reich, Artaud et Rosa Luxembourg, une bourgeoise choucroutée et un vagabond, Giotto, Van Gogh, le Mexique et le monde, tout cela et tellement plus au fil d'une déambulation mentale qui chante une rébellion viscérale à toute chose étendue.
Il faut se laisser soulever par les mots et les sonorités, se laisser traverser par cette poésie en quête de sens historique. C'est beau comme la jeunesse mexicaine d'antan, portée par les idéaux révolutionnaires qui n'avaient pas encore succombé, beau comme le réel transfiguré et dénudé; beau, farouche et violent, mais jamais dénué d'humanité ni de tendresse.
Mario Santiago Papasquiaro, le « terroriste culturel », est l'ami que je voudrais.
« Si Roberto Bolaño a représenté le coeur infraréaliste, aurait dit un ancien membre du groupe, Mario Santiago Papasquiaro le tenait dans sa main sanglante. » (Extrait de la postface de Samuel Monsalve)
Lien : https://litteraemeae.wordpre..
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