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Critique de LoupAlunettes


Avant d'aborder la chronique de ce roman, un petit préambule s'impose pour goûter toute la saveur de ce qui est proposé.
A la lecture de "L'étrange réveillon" et "Le Yark", force est de constater le plaisir de l'auteur pour les univers de monstres rappelant le magique univers de Tim Burton.
A l'identique, Bertrand Santini détourne le frisson vers le sourire et révèle des personnages au corps ingrat mais au coeur grand comme ça ( un espacement de mains de la largeur d'un câlin d'ours des bois).
Mais attention, Santini ne fait pas du Disney avec de la chauve souris et de la bête à écailles, l'auteur à son ton personnel, avec une intention tout aussi tendre mais à l'irrévérence d'adorable sale gosse qui agite une araignée en plastique sous votre nez. Voilé de ses meilleures intentions, l'auteur s'en tire à chaque fois et nous ne pouvons à chaque fois lui en vouloir, agitant vigoureusement la main et promettant une fessée qu ne tombera jamais.

Du délice d'humour noir à la portée des enfants qui réclame de l'horreur pour en rire, voici ce qu'il nous promet.
Et là dessus, nous sommes servis. Il déroute ses lecteurs avec un sujet peu amène d'émouvoir avec de tendres sentiments et attire la sympathie ou promet du rêve pour le transformer en cauchemar, mais un cauchemar avec de l'amour dedans, comme un bout de chocolat dans un petit pain.
Oui, il décale, fait rougir et pouffer de rire.
Ainsi, l'étrange conte de "l'étrange réveillon" se transforme en réunion familiale atypique. Dans cet esprit de Noël, le riche petit garçon de l'histoire fait le voeu de passer un dernier repas avec ses défunts parents qui veille sur lui probablement de là-haut. Et bien soit, une fée bleue l'aura entendu, debout les morts et à table.
Seul l'histoire de sa petite pépette à poil de Gurty fera exception dans la correction, entre deux pipis sur l'herbe et sur les petites filles.

Jonas.
Jonas le requin mécanique offrira de la légende, un pastiche d'horreur pour s'amuser, Santini imaginera encore une fois de l'amitié lumineuse et hors norme sous le clair de la pleine lune, un conte revu et corrigé dont l'auteur à toujours le secret.
Si la couverture rappelle une animation Dreamworks pour la jeunesse, la référence d'origine des "Dents de la mer" est belle et bien adulte et offrira un clin d'oeil aux parents qui auront vécu cette grande époque de frisson du cinéma américain.

C'est d'ailleurs de cela dont il est question.
D'une époque révolue devant les techniques modernes, la sortie d'une star qui aura fait rêver, pleurer, rire d'effroi des millions de spectateurs.
Jonas est un monstre de cinéma mécanique, cette ancienne star à la retraite, qui finit sa carrière dans le parc d'attraction de MonsterLand, oublié des anciennes générations, plébiscitée par les nouvelles pour jouer le requin blanc qui croque une jambe en plastique six fois par semaine et huit le week end.

Malheureusement pour lui, Jonas qui a trop pris l'eau, qui est rouillé par ses années d'activité et qui perd ses dents de temps à autre, n'est plus à même de faire son numéro de parc.
C'est donc suite à son dernier blocage de mâchoire que Jonas se retrouve remercié.
C'est avec en cadeau d'adieu la compassion de ses collègues vampires, loups garous et zombies, créatures mannequins du parc prenant toutes vie la nuit à la fermeture, avec l'aide de son meilleur pote Kawaï Kroczilla pour s'évader, que Jonas gagnera la plage afin de réaliser son dernier rêve, vivre la vraie vie de requin blanc.

C'en est tendre et mignon, un pinocchio qui rêverait sa vie de petit garçon.
"J'aurai tant aimé incarner des héros! Hamlet! Napoléon! le Roi Lion! Hélas, à cause de mon physique on ne m'a jamais proposé que des rôles de requin..."
Vivre sera son plus grand rôle de composition.
Mais la vie de requin blanc n'est pas de tous repos, au point que la ville fait appel à un chasseur pêcheur impitoyable pour lui rappeler que faire peur au gens pour de vrai, c'est pas bien. Jonas aura son "Capitaine Achab".

Nous naviguons dans un océan comique avec ce brave manchot Loupy et ce Jonas qui réclamera avec beaucoup d'émotion ce qu'il ne peut pas avoir, la tendresse d'une maman. Fait de ressorts et d'engrenages, il ne peut ni vivre ni mourir, alors quoi?
Loupy et ses rencontres marines ont peut-être une solution pour qui y croit très fort..

Un roman conte désopilant à découvrir absolument.
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