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Critique de Pasoa


Pasoa
09 novembre 2021
Après de très nombreuses traductions et études, 2700 ans après son écriture, la poésie de Sappho exerce toujours une fascination particulière. de la poétesse née entre 630 et 612 av. J.C. à Mytilène sur l'île de Lesbos, il ne nous est parvenu que 264 fragments, des textes courts, souvent lacunaires.

À la première lecture, les textes de Sappho semblent un peu figés, sans résonance particulière. C'est parce que nous sommes et restons les héritiers du poète romantique nous livrant ses émotions, ses désirs et son désespoir, que la poésie saphique nous paraît désincarnée.

Pour parvenir à mieux entrer dans les textes de Sappho, il faut revenir à son contexte, au rôle primordial que le poète jouait alors dans la cité (les poèmes étaient utilisés dans les cultes et la célébration des dieux ou dans des rites comme le mariage ou les banquets). La poésie ne se déclamait jamais seule, elle était au même moment chantée et dansée, accompagnée de musique. On prêtait également attention à la lumière du lieu, on utilisait des parfums. Autant de moyens utilisés pour captiver l'auditoire présent.

Peu de choses transparaissent de la personnalité de Sappho dans ses vers. Ses textes fragmentaires sont le lieu de ce qui manque, de ce qui a été écrit mais qui a été perdu. Sappho est une poésie du regard, de la description, une poésie des sens. Les sons, les parfums, les textures servent toute son écriture. Elle décrit avec envie, elle convoite avec désir l'objet de ses poèmes. C'est cette densité de sensations, cette puissance d'expression du désir qui rend la poésie de Sappho si vivante aujourd'hui encore. Mettre le poème au monde, c'est comme rendre le monde au poème.

… à Sardes...
Souvent ici, je pense à elle,
Comment... nous vivions,...
Toi semblable à une déesse, facile à reconnaître
et, par-dessus tout, elle se réjouissait de
ton chant.
Mais maintenant, parmi les femmes lydiennes,
elle brille, comme, quand le soleil vient de
plonger, la lune aux doigts de rose,
l'emportant sur toutes les étoiles. Et elle
dirige sa lumière sur la mer salée, comme aussi
sur les champs riches en fleurs ;
et la belle rosée s'est répandue, et la rose est
fleurie, et le tendre cerfeuil, et le mélilot
épanoui.

(traduction de Jackie Pigeaud)
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