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Critique de folivier


L'un des tout premiers romans de José Saramago.

A partir d'une trame historique, la construction du couvent et palais de Mafra près de Lisbonne dans les années 1720, Saramago avec son style si particulier nous convie à suivre Balthazar, l'ancien soldat mutilé et Blimunda, sa compagne ayant le pouvoir de voir l'invisible en chacun des êtres vivants lorsqu'elle est à jeun. Saramago dépeint une société empesée de religiosité, tétanisée par l'inquisition et le respect des dogmes, engluée dans le décorum de la cour du roi du Portugal Joao V, exploitée jusqu'à la mort pour contribuer et subvenir aux moindres désirs du roi, de sa cour tout cela justifié par la foi et au nom de Dieu.

Balthazar et Blimunda vont rencontrer un jeune moine, Bartolomeu de Gusmao, qui a présenté au roi une machine volante et qui cherche absolument à développer cette invention pour que l'homme vole. Tout les trois vont ose lancer dans la construction de la Passarole à partir de technique, de science, d'alchimie et un peu de magie Cette démarche deviendra une réflexion sur la nature de l'homme, sa position dans ce monde, sa relation à un créateur éventuel. de nombreuses interrogation qui ne sont pas bonnes à exprimer dans cette période et qui ne pourra que leur attirer des ennuis avec l'église et les autorités.

Au-delà du roman historique, et c'est là le principal intérêt de ce livre, Saramago donne à lire un roman politique mettant le doigt sur l'exploitation des peuples par les puissants et un roman philosophique très critique sur la religion et surtout sur l'église catholique qui fait de la religion un instrument de domination et de répression. C'est également un regard ironique sur la relativité de l'histoire et du temps en décrivant ce Portugal du début du XVIII° siècle, empire dominant le monde sur les terres et les océans, devenu aujourd'hui un petit pays européen. Saramago porte un regard plein de tendresse et de compassion sur les humbles, un peuple balloté, affamé, exploité au nom d'un Dieu sois-disant d'amour et miséricordieux.

L'écriture de Saramago si particulière est la structure fondamentale du livre qui lui donne sa puissance et son universalité. C'est par ces longues phrases dans lesquelles s'insinuent ces incessantes digressions ironiques et parfois humoristiques que Saramago donne les clés de lecture du roman.
"Le Dieu manchot" est le second roman de Saramago, salué par la critique pour cette écriture si novatrice. Parfois on a le sentiment que Saramago se cherche encore un peu et que pour imposer son style cela se transforme en exercice qui alourdit la phrase et le rythme. Dans les romans suivant, Saramago va apurer son écriture, alléger le style et on atteindra le sublime.
Dès ce roman on retrouve tous les thèmes qui vont être les fils conducteurs de tous les livres de Saramago, la mort, le regard, Dieu, les peuples.

"Le Dieu manchot" n'est pas le meilleur roman de Saramago cependant un très beau texte à découvrir pour ce mélange de roman historique, fable , critique sociale et politique.
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