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Critique de marina53


Après avoir remarqué cette grande femme robuste et large, des chaussures de sécurité aux pieds et une boîte à outils, traîner pendant plus de dix minutes autour de la maison, Gaëlle est effrayée lorsque, voulant la regarder de plus près, elle est juste là, le nez collé à la fenêtre de la cuisine. La femme s'excuse mais, en câblant un pavillon pas loin, elle a déconnecté sa box. Aussi aurait-elle besoin de rentrer pour tout remettre en ordre. Terriblement méfiante, Gaëlle, seule à la maison, la laisse toutefois entrer. Elle panique de plus en plus lorsqu'elle la voit s'installer dans le bureau de son mari, Jean-Philippe, regarder les photos de famille, l'interroger sur la belle terrasse qui entoure la piscine, redescendre les marches de l'escalier menant à l'étage et surtout lorsqu'elle lui dit qu'elle voulait voir la chambre d'Alice. Comment cette femme du câble connaît-elle le prénom de sa fille ? Affolée, Gaëlle ne peut retenir ses larmes lorsqu'elle somme son mari de payer Mohammed tout de suite...
Le plan a marché, la femme est terrifiée et Mathilde est sûre que le message sera bien passé. Avec l'aide d'un ami, Mokhtar, à qui elle a emprunté la tenue et les outils de travail, Mathilde, conseillère sociale au Conseil Départemental, a voulu faire justice elle-même en aidant ses voisins de palier, Mohammed et Nadia. Dans la panade financièrement, celui-ci attend toujours un gros chèque de Jean-Philippe pour la terrasse qu'il a posée...

Le premier chapitre, oppressant et énigmatique à souhait, nous présente Gaëlle, une femme bien sous tous rapports, et Mathilde qui, vêtue tel un agent du câble, est venue menacer cette dernière. Non pas qu'elle fasse cela souvent, bien au contraire, mais Mathilde, de par son métier, a plus que jamais conscience des inégalités sociales. Après cette visite chez Gaëlle, les choses vont changer. Mais, malheureusement, pas toujours comme prévu. Sur une période de sept jours, Tristan Saule déroule un scénario concis, noir et terriblement ancré dans la société. Ce roman mêle habilement et intelligemment les genres : sur fond de peinture sociale et économique, avec, de loin en loin, les Gilets Jaunes, l'auteur dresse le magnifique portrait d'une femme robuste, pourtant un brin désenchantée, qui cache un trop lourd secret, tout en maintenant une ambiance sombre, parfois violente et de plus en plus tendue. Autour de Mathilde, l'on découvre des personnages là encore plus vrais que nature, qu'il s'agisse du jeune Idriss, de son oncle Lounès ou du caïd Salim. D'ailleurs, Mathilde ne dit rien étant le premier volet de la place carrée, l'on retrouvera avec un grand plaisir l'un ou l'autre dans un prochain roman.

Un roman brut, saisissant, vibrant...
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