J'ai choisi pour te rejoindre d'emprunter les sentiers les plus étroits,
cela même par où m'avait fait passer Baccio...
dans l'ascension, les buissons d'épines me griffent
le corps et l'esprit,
raturant mon passé, effaçant mes derniers arguments, arrachant mes souvenirs.
Je vais te revoir François.
Et je pourrais partir dans cette paix que je me suis toujours refusé, dans ce bonheur débordant que je n'ai jamais connu.
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Son départ n'était ni un caprice ni un coup de folie, mais le terme d'un irrésistible appel, l'élan d'un cœur insatisfait, assoiffé d'amour, la manifestation d'un dessein divin qui loin de ruiner notre maison là anoblie.
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J'ai tout jeté au feu et je suis parti.
C'est moi qui monte, et non ma vie.
Je n'ai plus peur.
Je suis libre comme l'air, délesté de moi-même.
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À toi le saint et à moi le bouffon,
Dieu ne nous réservera-t-il pas une place commune,
je l'espère de toutes mes dernières forces.
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Te revoir, et vite!
J'ai si souvent rêvé de ce jour–et il vient–
ou nous serons ensemble,
dans le silence d'une de ces forêts que tu hantes, ensemble tout simplement,
cote à cote sans même nous regarder–sans que tes yeux détruits te permettent de percevoir sur mon visage les ravages du chagrin,
sans que j'ose tout de suite levée mon regard vers ton corps meurtri par une vie d'obstination joyeuse, et tellement difficile à comprendre
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Je l'ai vu à l'affût de toute souffrance et de tout mépris, n'ayant de presse que celle de soulager les cœurs
et de panser les plaies.
Je l'ai vu revenir épuisé des ladreries,
nullement dégoûté de ces heures passées à extirper le pus et détacher les chairs mortes des lépreux,
lui qui, jeune se bouchait le nez à leur contact et éperonnait son cheval pour s'éloigner au plus vite lorsqu'il entendait au loin une crécelle.
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