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Critique de RomansNoirsEtPlus


En plus d'être une comédienne hors pair, une metteuse en scène de talent et une professeure de théâtre charismatique, Nathalie Sauvenac est également une auteure de roman noir à découvrir de toute urgence.
Je n'exagère rien.
Bien qu'elle habite la même ville que moi je ne viens que de faire connaissance avec son univers où des déglingués de la vie ont trouvé leur refuge. Il s'appelle « Les Vignes» . A quelques encablures de la capitale se trouve cet endroit hors du temps. Un endroit qui semble n'appartenir à personne où Nadine qui enchaîne les petits boulots va faire connaissance avec les trois ours Nono, Jean-Mi, Louis , elle se réservant le possible rôle d'une boucle d'or en perdition. Une masure sur un ancien domaine agricole situé au bout d'un chemin de terre , entre la ferme altermondialiste et un squat qui ressemble au royaume de la récup'. Un morceau de poumon vert perdu derrière une colline où des marginaux ont trouvé leur paradis. Sans eau ni électricité ni cabinets d'aisance.
Mais quand on a perdu ses repères et que le passé a laissé des traces indélébiles, « Les Vignes» représente pour Nadine l'opportunité d'une renaissance. Un endroit pour faire son nid.
Mais cet idéal est éphémère. Nadine le sent mais elle ne sait pas encore que le prix à payer risque d'être synonyme de voyage sans retour.


Comment ne pas être touché par ce récit narré à la première personne par Nadine, à travers ses fragilités et sa sensibilité à vif. Elle nous décrit avec une incroyable sincérité un monde fait de moments de bonheur furtifs. de petits riens, d'odeurs et de sensations fugaces qui, conjugués, font croire à la beauté de ce monde-là.. Des tranches de vie d'une rare humanité vécues intensément comme si celles-ci ne pouvaient durer plus de quelques instants.
L'auteure sait alors trouver la sémantique qui encense la force des sentiments vécus par Nadine avant que ceux-ci deviennent plus vaporeux et plus chimiques. Avant que les douloureux souvenirs s'immiscent peu à peu via des flash-back de plus en plus présents.
A l'émerveillement des premiers temps, à l'exubérance des couleurs du printemps, le récit bascule progressivement dans une moiteur étouffante , une noirceur où la liberté qui semblait sans bornes apparaît peu à peu conditionnée et factice. Comme si cet univers bancal où ces personnages, incapables de vivre au rythme d'une société qui les étouffe et les corrompt, et qui semblaient avoir trouvé leurs marques, ne pouvait exister en marge bien longtemps.
Un roman noir d'une grande force dramatique et d'une vibrante poésie qui donne envie de sortir la guitare de son étui et de plaquer quelques accords sur ce morceau de Maxime Leforestier : « C'est une maison bleue adossée à la colline...»


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