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EAN : 9782702449899
216 pages
Le Masque (04/05/2022)
4.14/5   36 notes
Résumé :
Chassée de la demeure familiale, Nadine erre, incapable de trouver sa place. Jusqu’au jour où elle découvre Les Vignes. Une ancienne bâtisse à flanc de colline, défendue par une armée de chèvres et de merisiers. Un squat aux allures de paradis, le repaire de deux ours, Louis et Jean-Mi, aussi marginaux qu’elle. Sans demander et presque sans y penser, Nadine investit les lieux. Devient la troisième ourse. Là, à l’ombre des Vignes, elle trouve une existence simple, ru... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne connaissais absolument pas l'auteur, je dois dire que depuis la découverte de cette histoire, je vais la suivre de prés, voir lire ses précédents romans.
L'auteure signe un roman court, d'une noirceur extrême à nous couper le souffle. Une histoire qui nous prend aux tripes, nous chamboule, totalement bluffant et nous met dans le questionnement.
Nadine est une jeune fille à la dérive en quête de soi, qui vient de se faire renvoyer de chez elle. .Elle trouve refuge "Aux Vignes", un nouveau monde de vie loin de la société, une vie marginale, un sanctuaire de squat, .Un endroit hors normes, où l'électricité, l'eau, les toilettes sont inexistants, elle devra trouver ses marques, et de se contenter du minimum vital. Deux marginaux, sont déjà installés , ils font connaissance, essayant de vivre en harmonie , loin de la réalité. Ils vivent sous une bulle, sans contrainte, une vie idéale , pour eux. On a envie de les secouer , les réveiller, et les faire revenir dans le réel loin de l'imaginaire. Les aléas de la vie peut partir en vrille très rapidement. L'auteure nous offre un cocktail détonnant , un mélange où la drogue, la violence, l'alcool, et tous les dériver, tiennent une place essentielle dans cette histoire. Un rythme qui monte crescendo accentuant le côté désespérer, de Nadine et ses acolytes. La plume de l'auteure est fluide ,sensible ,subtile, saupoudrée d'un brin de poésie.
La lecture est bouleversante . Un monde à part, terrifiant .Une fin magistrale pour ce magnifique roman.
Je vous le recommande
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En plus d'être une comédienne hors pair, une metteuse en scène de talent et une professeure de théâtre charismatique, Nathalie Sauvenac est également une auteure de roman noir à découvrir de toute urgence.
Je n'exagère rien.
Bien qu'elle habite la même ville que moi je ne viens que de faire connaissance avec son univers où des déglingués de la vie ont trouvé leur refuge. Il s'appelle « Les Vignes» . A quelques encablures de la capitale se trouve cet endroit hors du temps. Un endroit qui semble n'appartenir à personne où Nadine qui enchaîne les petits boulots va faire connaissance avec les trois ours Nono, Jean-Mi, Louis , elle se réservant le possible rôle d'une boucle d'or en perdition. Une masure sur un ancien domaine agricole situé au bout d'un chemin de terre , entre la ferme altermondialiste et un squat qui ressemble au royaume de la récup'. Un morceau de poumon vert perdu derrière une colline où des marginaux ont trouvé leur paradis. Sans eau ni électricité ni cabinets d'aisance.
Mais quand on a perdu ses repères et que le passé a laissé des traces indélébiles, « Les Vignes» représente pour Nadine l'opportunité d'une renaissance. Un endroit pour faire son nid.
Mais cet idéal est éphémère. Nadine le sent mais elle ne sait pas encore que le prix à payer risque d'être synonyme de voyage sans retour.


Comment ne pas être touché par ce récit narré à la première personne par Nadine, à travers ses fragilités et sa sensibilité à vif. Elle nous décrit avec une incroyable sincérité un monde fait de moments de bonheur furtifs. de petits riens, d'odeurs et de sensations fugaces qui, conjugués, font croire à la beauté de ce monde-là.. Des tranches de vie d'une rare humanité vécues intensément comme si celles-ci ne pouvaient durer plus de quelques instants.
L'auteure sait alors trouver la sémantique qui encense la force des sentiments vécus par Nadine avant que ceux-ci deviennent plus vaporeux et plus chimiques. Avant que les douloureux souvenirs s'immiscent peu à peu via des flash-back de plus en plus présents.
A l'émerveillement des premiers temps, à l'exubérance des couleurs du printemps, le récit bascule progressivement dans une moiteur étouffante , une noirceur où la liberté qui semblait sans bornes apparaît peu à peu conditionnée et factice. Comme si cet univers bancal où ces personnages, incapables de vivre au rythme d'une société qui les étouffe et les corrompt, et qui semblaient avoir trouvé leurs marques, ne pouvait exister en marge bien longtemps.
Un roman noir d'une grande force dramatique et d'une vibrante poésie qui donne envie de sortir la guitare de son étui et de plaquer quelques accords sur ce morceau de Maxime Leforestier : « C'est une maison bleue adossée à la colline...»


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En découvrant la plume aiguisée de Nathalie Sauvagnac, j'ai été happée par l'histoire de cette jeune femme marginale qui trouve sa place dans un squat rural en compagnie de deux hommes frustres qui l'accueillent sans poser de questions.
Jonglant en équilibre entre la violence d'un roman noir societal et la candeur d'une campagne apaisante, l'auteure fait le portrait de Nadine, une jeune intérimaire qui a vécu des épreuves douloureuses.

En s'installant dans cette masure délabrée, sans eau ni électricité, mais au milieu d'une campagne verdoyante, Nadine va enfin connaître des instants de bonheur. le squat lui servira de jardin d'Eden et apaisera ses tensions.

" C'est nouveau pour moi de ne pas être aux aguets, de laisser aller et d'autoriser mon corps à se détendre sans avoir peur de sursauter. Je ne dis pas que c'est tout à fait gagné. J'ai encore du mal à desserrer les mâchoires, mais dans l'ensemble, ce n'est pas désagréable. Louis apparaît au coin de la maison et il passe devant nous sans un regard et s'assoit sur le banc qui longe la cuisine en finissant d'aiguiser la lame d'un sécateur. C'est la première fois qu'on est réunis tous les trois. Personne ne parle. On entend un vieux blues qui sort de la radio et la lime de Louis qui nous fait comme un air de violon. Chienne a posé sa tête sur mon genou. Chaque chose est à sa place et moi aussi curieusement. Et je ne suis pas loin de la vérité si je dis qu'on est heureux là, juste là à ce moment, pas après, pas plus tard, parce que rien ne dure. Mais à ce moment précis, rien ne m'empêchera de croire qu'on est heureux".

Les personnages de paumés qui l'accompagnent sont dépeints avec une empathie et une tendresse qui transparaissent jusque dans le titre puisque l'auteure a fait le choix du Nous, comme si elle s'associait à cette sensation d'instabilité, à ce sentiment de marginalité.
Sans jamais les juger, elle regarde ses personnages évoluer au bord du monde. Des personnages fragiles, bancals comme le sont les compagnons de galère Louis et Jean-Mi ou Alex qui ne peut pas survivre. Si fragiles que l'on devine qu'ils ne pourront pas résister à la menace des plus dominateurs.
Nadine doit en fait survivre à une double emprise. La première, relayée par des flashbacks qui s'adressent à sa mère, révèle la perversité d'un père violent qui maltraite et qui prétend aimer, au point qu'il parvient à convaincre la mère de repousser son enfant.
La seconde emprise se vit au présent. C'est celle de Nono, le leader du squat, celui qui joue le rôle du père, celui qui nourrit et qui gère le quotidien. C'est aussi celui qui souffle le chaud et le froid, celui qui manipule et qui détruit.

Avec talent, Nathalie Sauvagnac accompagne son héroïne dans sa bulle protectrice jusqu'au moment où l'on sait qu'elle sera bien forcée d'éclater.
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Professeur de théâtre, metteuse en scène, comédienne, et directrice d'une compagnie, Nathalie Sauvagnac incarne la vie d'une baroudeuse en endossant également le rôle d'une romancière débarquant dans le domaine de la littérature noire avec Les Yeux Fumés (Le masque 2019) où elle nous convie dans l'univers d'une cité en prêtant la voix à cette France de la marge que l'on retrouve d'ailleurs dans son dernier roman, Et Nous, Au Bord du Monde. Avec une unité de lieu nous donnant l'occasion de nous immerger au coeur d'une ferme squattée par trois marginaux, Nathalie Sauvagnac va saisir le lecteur avec ce nouveau récit, au gré d'une lente construction de la tragédie donnant ses lettres de noirceur à une mise en scène d'une belle justesse qui vous coupe le souffle en suivant le parcours de Nadine, cette jeune femme fragile dont on perçoit le désarroi qui semble devenir le moteur de sa destinée.

Depuis qu'elle a été chassée de la maison familiale, Nadine ne trouve plus sa place dans un monde qui n'est pas le sien. Elle loge temporairement chez une amie et travaille pour une boîte d'intérim qui lui fournit un job lui permettant de vivoter tant bien que mal. A l'occasion d'une fête, elle découvre Les Vignes, un ancien corps de ferme squatté par Jean-Mi et Louis, deux marginaux qui en ont fait leur repaire. Sans eau, sans électricité, adossée à une colline boisée où gambadent quelques chèvres hargneuses et quelques poules dédaigneuses, la bâtisse a des airs de paradis pour Nadine qui décide de s'y installer et d'y faire son nid. Une certaine idée du bonheur qui convient à cette jeune femme en quête d'oubli et de quiétude au fil d'une existence toute simple et sans contrainte. Mais les rêves sont toujours de courte durée et le paradis se transforme en enfer lorsque les contraintes du monde bousculent une nouvelle fois son existence. Des désillusions auxquelles Nadine devra faire face. Mais en a-t-elle encore la force ?

Il n'y a pas vraiment de miracle, mais peut-être un peu d'espoir pour Nadine, cette jeune femme qui découvre ce petit bout du monde dans lequel elle pense pouvoir se faire une place entre Louis, cet homme mutique qui vit d'expédient en élevant quelques chèvres et poules tandis que son acolyte Jean-Mi, plus communicatif, cultive quelques plants de cannabis tout en tentant de maîtriser tant bien que mal son addiction à l'héroïne. Tout pour être heureux simplement, pour souffler un peu et poser ses valises au coeur des Vignes, ce domaine agricole qui prend l'allure d'un squat où ces trois personnages attachants vont s'apprivoiser peu à peu. Nathalie Sauvagnac décline ainsi un petit bout de paradis dans lequel évolue ces laissés pour compte qui ne demande rien d'autre que de vivre ensemble et de trouver un peu de réconfort à la marge de ce monde. Mais il y a évidemment le grain de sable qui va gripper cet équilibre fragile et qui s'incarne en la personne de Nono, un repris de justice dont l'ascendant sur Jean-Mi et Louis va également se répercuter sur Nadine qui bascule peu à peu, l'air de rien dans un univers plus contraignant qu'il n'y paraît. Ainsi, au gré d'une écriture subtile, d'une atmosphère trompeuse admirablement bien élaborée, Nathalie Sauvagnac entraîne le lecteur dans un jeu de faux semblant qui suscite le doute et le malaise, sans que l'on ne sache vraiment trop pourquoi et surtout vers quel destin funeste on s'achemine. C'est bien là que réside le talent de la romancière abordant ainsi tout en nuance les thèmes du contrôle et de la manipulation autour de ces trois marginaux en quête d'une place en bordure d'un monde qui n'est pas fait pour eux. Et puis il y a ces souvenirs prenant forme peu à peu au fil du récit en rappelant à Nadine que rien n'est acquis et dont la finalité va se répercuter sur son devenir avec ses compagnons d'infortune en nous laissant abasourdi et bouleversé au terme d'un récit poignant qui marque les esprits.

Nathalie Sauvagnac : Et Nous, Au Bord du Monde. Editions du Masque 2022.

A lire en écoutant : Message Personnel de Françoise Hardy. Album : Message Personnel. 2013 Warner Music France.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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La vie aigre-douce
Au bord du monde, au bord du temps et de la nuit, au bord de l'enfer, Nadine va écrire dans l'urgence, en apnée, parce qu'elle n'arrive même plus à pleurer ni à crier, parce qu' "écrire, c'est hurler sans bruit", selon Duras (Marguerite).
"Pour ne pas mourir, je me remplis des Vignes". Son monde à Nadine, c'est Les Vignes, "un squat aux allures de paradis", le repaire de deux marginaux, Jean-Mi et Louis, aussi paumés qu'elle. Adossée à la colline, au milieu des merisiers sauvages, une vieille maison sans eau ni électricité, un poêle, une banquette de DS, un tronc coupé qui sert de table, des transats, un parasol… Il y a aussi trois chèvres, des poules et Chienne.
Et puis, Nono, musclé et bronzé, crâne rasé, "son pantalon et son gilet en cuir (sans manches), ses santiags bien plantées dans le sol, ses tatouages", ses doigts couverts de bagues, ses bracelets de force… Nono qui apparaît et disparaît, qui fait le (beau) temps aux Vignes, parce que "Les Vignes et Nono, c'est pareil. C'est chez lui ici, même si c'est chez personne".
Nono c'est leur nounou, mais Nono n'est pas le propriétaire, même s'il a pris le pouvoir. En réalité, Nono c'est le dealer, le "loup" dominant "au charisme délétère", le funeste bienfaiteur qui règne sur les paradis artificiels.
Et Axel, ado de 15 ans, qui traîne aux Vignes, en fera cruellement les frais. Mais pas que. Nono est une ordure.
Et nous, au bord du monde raconte la survie douce-amère de trois cabossés de la vie, hors des sentiers battus, hors de la société, sans travail, sans revenus, sans eau ni électricité… des paumés, des junkies sous emprise.
Nathalie Sauvagnac raconte la perversité, l'emprise, la violence sourde, la dépendance (affective) et l'abandon sur un air de douce saison.
À sa sortie, ce roman noir a été plébiscité par la critique : Mediapart, France Inter, Libération, Télérama, L'Express, Lire…
"Deux histoires d'emprise se superposent ainsi, qui vont broyer le destin de Nadine. C'est l'histoire de ceux qui vivent au bord du monde, les Nadine, les Louis, les Jean-Mi. Les bancals, les pas solides, ceux qui ont tant de mal à habiter le monde, à trouver leur place". France Inter, mai 2022
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critiques presse (1)
Liberation
27 juillet 2022
Dans «Et nous, au bord du monde», Nathalie Sauvagnac raconte avec ses mots empreints de poésie la solitude des invisibles, celles et ceux qui peinent à trouver leur place dans la société.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Quand j’étais petite, je pensais que les gens n’existaient qu’en ma présence, qu’en quittant la pièce où je me trouvais, ils s’arrêtaient de vivre, se figeaient derrière la porte dans l’attente de revenir dans la pièce.Je pensais que les autres n’étaient animés que par mon regard sur eux. En grandissant j’ai compris que c’était faux et qu’on pouvait rire, pleurer, vivre loin de moi sans que ça ne perturbe personne ; j’ai appris que je n’était pas indispensable.
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Debout ou assis, Jean-Mi a une forme de 5 , tout rétréci en son centre. Le dos arrondi, les reins qui s’excusent et, en dessous, les jambes zigzaguent autour des genoux pliés, zig au-dessus, zag en dessous. Gaston Lagaffe en vrai.
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Je ne sais pas composer, devoir sourire et poser des questions. Je ne sais pas quoi faire de la vie des gens. Je n’en reviens pas qu’on puisse se confier, sans être gêné, qu’on puisse parler, parler, parler. Parler de la pluie et de la politique, du travail, de ce qu’on fera plus tard, ou pire , parler de soi. Tout ce tort et ce travers qui se déverse comme du vomi.
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Capturés en plein vol, libérés du poids du monde, leurs deux corps flottent dans les stries du soleil qui glissent du toit.
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Un gamin interdit de rêver, interdit d’ennui, un gamin façonné pour faire partie de l’élite. Shooté jusqu’à la nausée de bonne éducation.
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