Je sais de quoi je parle car comme nul de l'ignore, je fus moi-même jadis roulé dans la farine de l'idéologie socialo-bolchevique. Heureusement, l'onde de choc du sursaut national qui a réveillé plusieurs de nos voisins européens m'a arraché à l'emprise hypnotique dans laquelle nous ont plongés les fakirs apatrides du complot judéo-maçonnique.
Vous comprendrez pourquoi, vu l'état de décomposition avancé de son cadavre, on imagine mal comment monsieur Langoulvent pouvait courir comme un lapin à travers la lande et grimper tout en haut du phare de Crech' Morloc.
Voyons, messieurs ! Votre automobile sur les graviers de madame !?
Le mort mystérieux du jardin du Luxembourg - L'identité d'un mystérieux cadavre découvert sur un banc est à présent connue. Il s'agit du professeur Augute-Philippe Pincechat. D'après les conclusions de l'enquête, monsieur Pincechat se serait tiré une balle de revolver dans la tête. Version plausible puisque le malheureux se savait atteint d'un cancer. Mais l'affaire se complique et prend un tournant aussi macabre qu'improbable si l'on sait que lorsque le corps fut découvert au matin, il était déjà dans un état de décomposition avancé ! Or l'autopsie a permis de prouver que le défunt avait copieusement diné la veille au soir ! Il faudrait donc admettre que la décomposition a été foudroyante. Enfin pour ajouter une touche d'obscurité à cette ténébreuse affaire, précisons qu'après les professeurs Abel Glansec et Félix Langoulvent, M. Pincechat est le troisième membre de l'expédition Malhet-Schnapsberg au Tibet, à mettre ainsi brutalement fin à ses jours. Rappelons en effet qu'Abel Glansec s'était jeté dans la fosse aux ours du Jardin des Plantes, et que le professeur Langoulvent s'était précipité du haut d'un phare breton. - Marius Volny
J'étudie ce passionnant ouvrage sur le Tibet que ton vieil ami archiviste a exhumé pour moi du fin fond de la bibliothèque municipale. Un missionnaire belge y relate un rite chamanique auquel il a assisté au Tibet ; proféré avec l'intonation et la force nécessaire, un cri rituel doit permettre à l'esprit d'un mort de quitter son enveloppe charnelle par une petite incision pratiquée au sommet du crâne. Et alors s'il pousse sept fois ce cri rituel, que je ne maîtrise pas encore parfaitement, le chaman peut obliger l'esprit à réintégrer le corps par le truchement d'une seconde incision, celle-ci pratiquée derrière l'oreille… et le mort revient à la vie.
Les mœurs évoluent. Le sens des mots y participe. L'essentiel est de vivre dans la transparence. Les secrets honteux, la culpabilité, voilà le mal.
Souvenez-vous de ce que je vous dis : on ne triche pas impunément avec la mort !
HÎÎÎÎÎÎK ! (le septième cri)