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Critique de Melpomene125


Les Pilleurs du Nil est un roman divertissant qui a pour cadre l'Égypte antique sous la dynastie des Ptolémées. Ce n'est pas vraiment un polar historique mais plutôt un roman d'aventures riches en rebondissements et racontées avec humour. L'auteur explique ce changement à la fin du livre car la série s'intitulait à l'origine « Les mystères de Rome ». Il s'est inspiré des auteurs classiques grecs qui ne parlent « que d'exploration et de voyages, d'amour et de plaisir sensuel » et a laissé de côté les sources romaines.
Steven Saylor raconte la jeunesse de Gordianus, son enquêteur, plus âgé dans les autres romans de la série. Il n'a ici que vingt-deux ans et est amoureux de son esclave Béthesda. Lorsqu'elle est enlevée, il met tout en oeuvre pour la retrouver. Sur les conseils d'un homme riche Tafhapy, il se rend dans le delta du Nil où elle serait détenue dans un repère de bandits « le Nid de Coucous », dirigé par « L'Enfant du Coucou ». Gordianus n'a pour seul soutien dans cette périlleuse mission qu'un enfant, Djet, esclave de Tafhapy. Djet ne cesse de se moquer de Gordianus, de sa bêtise, de sa naïveté de jeune homme inexpérimenté et étranger, un Romain en Égypte, à Alexandrie. Au cours de leurs pérégrinations, ils manquent de peu se faire assassiner par l'aubergiste cupide de l'auberge du Crocodile Vorace et sont à tort accusés de meurtre. Obligés de s'enfuir, ils sont finalement acceptés par la bande de voyous qui détient Béthesda, grâce à cette accusation. Ils se retrouvent mêlés à un projet de pillage du sarcophage d'Alexandre le Grand.
Steven Saylor dépeint très bien l'instabilité politique de l'époque : en 88 av. J.C., le roi Ptolémée X, confronté à des difficultés financières, pille le tombeau d'Alexandre le Grand mais provoque une révolte de la population d'Alexandrie. Il tente de reprendre son trône mais est tué, lui-même avait fait assassiner sa mère. Steven Saylor décrit avec dynamisme ce contexte historique et invente une histoire à partir d'une énigme archéologique : l'emplacement du sarcophage d'Alexandre le Grand n'est, en effet, plus connu des archéologues. Est-il en or comme lors des obsèques, en plomb, en verre ? Personne ne le sait vraiment.
Steven Saylor dépoussière l'héritage antique gréco-romain et l'égyptologie. Il a d'ailleurs déjà assisté à des conférences d'érudits sur le roman grec ancien et a été invité à débattre du sujet par un professeur de lettres classiques de Berkeley. Il rend hommage par sa manière d'écrire et de raconter des histoires au poète latin Horace qui disait que « la littérature veut instruire ou plaire, parfois son objet est de plaire et d'instruire en même temps », le célèbre « plaire et instruire » pour définir l'art poétique que tout étudiant en lettres, classiques ou modernes, a au moins entendu une fois au cours de son cursus universitaire.
J'ai découvert avec plaisir cet auteur et j'ai très envie de lire ses autres livres, plus anciens, comme du Sang sur Rome qui évoque le célèbre avocat Cicéron et d'autres personnages historiques romains (Catilina, César…) Ces livres me semblent plus attrayants que l'austère, ennuyeux et scolaire Vadémécum de l'étudiant qui m'avait été donné en première année de Lettres modernes comme support d'étude. Ils constitueraient, selon moi, de bien meilleurs supports pédagogiques. Un seul bémol : la traduction, que je suis contente d'avoir eu entre les mains car elle m'a permis de découvrir cet auteur, privilégie trop le registre familier. Je n'ai pas aimé le remplacement presque systématique de « nous » par « on » pour éviter le passé simple avec « nous ». Il donne l'impression que le livre n'a aucune dimension littéraire et est, par moments, mal écrit, alors que c'est à l'opposé du projet de l'auteur qui est invité dans de nombreuses conférences universitaires de lettrés. Mais traduire, n'est-ce pas toujours un peu trahir ?
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