Quel remarquable roman-hommage nous donne à lire
Bertrand Schefer (dont je ne saurais trop recommandé le concis, sombre et excellent
Martin). Un hommage à la photographe
Francesca Woodman, lectrice de
Proust, suicidée en 1981 à l'âge de 22 ans, dont on peut dire que l'oeuvre est omniprésente (parfois sans qu'on s'en rendre vraiment compte) et se pose dans une certaine filiation avec celle des surréalistes. L'auteur détaille sa passion pour la photographe, le parcours de cette dernière, sa place dans la photo des années septante, son oeuvre en général et certaines de ses photographies sont magnifiquement détaillées. On notera la langue : riche. On sera sensible à la phrase aussi : un déploiement lent, une intelligence. On aime le propos : toujours pertinent, souvent émouvant. C'est certain, on a sous les yeux l'exemple même d'une réussite littéraire. J'enrage déjà de désespoir à l'idée que ce livre n'est présent que dans peu de librairies et que nombreux seront les lectrices et lecteurs qui ne le découvriront pas. Pourtant, tout est là : « (…) 'écrire un livre pour et sur quelqu'un dont je ne sais rien que la convulsion d'un amour impossible. » Et s'il le faut, s'il faut vraiment aller jusque là, pour qu'un bon livre vive, soit reconnu, parce que les médias n'y prêtent guère attention, alors Je cours en acheter dix exemplaires que j'offrirais autour de moi.
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