Surréalisme ? Vous avez dit « Surréalisme » ? Vous n'y connaissez rien, me dites-vous ? Bien, alors ce livre est fait pour vous. le groupe surréaliste parisien est ici au centre d'une enquête policière. Et l'auteur se fait le plaisir d'utiliser toutes les figures de rhétorique : oxymore, tautologie, anaphore, allusion et autre litote, célèbre pour sa tête. Sans parler de tous ces jeux de langages auxquels s'adonnaient les surréalistes : anagrammes, allitérations, rébus, calembours, contrepèteries, cadavres exquis. Vous voulez un exemple d'anagramme ? Avec les lettres composant
Salvador Dali,
Pablo Picasso avait trouvé l'anagramme : Avida Dollars.
Au fil des pages sont abordées quelques-unes des personnes importantes du groupe et de l'époque (les Années folles).
Paul Eluard qui se débat dans une histoire d'amour à trois, avec le peintre
Max Ernst et sa muse Gala. Oui, oui, Gala, le futur tiroir-caisse de
Salvador Dali.
André Breton, omnipotent, omniscient, omnivore et obnibulé par le pouvoir et la magie du hasard.
Robert Desnos, poète transi d'amour et de peur.
Louis Aragon que Breton déteste mais supporte parce qu'il a du talent et surtout de l'entregent.
Les influences (
Sigmund Freud,
Arthur Rimbaud,
Karl Marx, dada), les reproches des détracteurs, les peintres liés aux écrivains sont également évoqués. Sans oublier les marginaux de l'époque : les drogués, les alcooliques, les apaches, les féministes, les gays et lesbiennes. Bref, nous sommes également devant un portrait du Paris de 1925.
Du coup, le quadruple assassinat, moteur de l'intrigue, passe un peu à l'arrière-plan, ce que certains amateurs de romans policiers regretteront. Mais pour la simple raison que le fil rouge de l'histoire est « Au rendez-vous des Amis », un tableau de
Max Ernst (aujourd'hui conservé à Cologne), ce livre m'a séduit. Je le conseillerais à tous les étudiants que leur anthologie de littérature assomme. Rien n'est plus porteur que d'apprendre en s'amusant.