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Critique de Unecomete


Il y a plusieurs semaines, j'ai eu la chance d'être sélectionnée par Babelio pour l'opération "Masse Critique"et quelques jours après arrivait dans ma boîte aux lettres le troisième (et dernier? ) tome d'une série intitulée "Saga Parisienne", que je ne connaissais pas du tout.

J'adore les sagas, j'ai donc été très contente de ce choix, quoiqu'un peu réticente à l'idée de commencer l'histoire de la famille Ormen par la fin. Je n'ai toutefois pas boudé mon plaisir et à mon grand soulagement, la lecture n'a pas posé de réelles difficultés de compréhension, malgré un nombre impressionnant d'évènements -trente années d'Histoire balayées sur 300 pages : de l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 au séisme électoral d'avril 2002, en passant par la Coupe du Monde de football remportée par la France en 1998 - et de personnages, réels ou imaginaires. Je précise que les Ormen ne sont pas tout à fait des gens ordinaires, de par leurs accointances avec le pouvoir et le monde littéraire et artistique : le grand père, Pierre, est un écrivain De l'Académie Française, dont les amis sont Jean d'Ormesson, Mouloudji et autres pointures. La Grand-mère, Ariane, est une militante ayant connu Simone Veil, qui lui rendra les derniers hommages sur son lit de mort. Les enfants et petits enfants ne sont pas en reste : Marie est une grande musicienne, connue dans le monde entier, Valentine que l'on découvre enfant au début du livre, finira chroniqueuse à succès sur France Inter etc etc...

Dans ce troisième tome, l'intrigue est concentrée autour du fameux tableau de Picasso, l'Heure Bleue, volé à une famille juive pendant la rafle du Vel d'Hiv. Qu'est devenu ce tableau? Quels sont les liens des Ormen avec sa disparition? Paul, le fils de Delphine et Olivier, va mener l'enquête et ses découvertes vont faire émerger des secrets de famille inavouables...

Cette saga est plaisante à plus d'un titre : la narration, sans fioritures, est vive et efficace, émaillée de nombreux dialogues. le roman se déplace dans le temps, avec de courts chapitres datés qui donnent une impression de rapidité dans l'action alors que les faits se déroulent sur trois décennies. Cette composition, avec enchaînement de scènes et bonds d'années en années, a quelque chose de cinématographique (J'imagine d'ailleurs fort bien "Saga Parisienne" sur grand écran). L'abondance d'évènements pourrait lasser, mais ici ce n'est pas le cas. Cela va trop vite... de ce fait, il m'a été difficile, et je le regrette, de m'attacher aux personnages. le tout premier chapitre, où le petit Paul rentre chez lui après un enlèvement, est extrêmement fort... mais il m'a manqué, par exemple, les retrouvailles avec les siens. Complètement zappées. Vite, vite, on passe à autre chose. Paul grandit, les parents vieillissent, etc. Pas le temps de s'émouvoir, même si la famille Ormen vit des drames terribles (divorces, maladies, faillite...).

De plus les personnes ayant existé (ou encore en vie) intégrées au récit et qui côtoient les personnages de fiction, sont beaucoup trop présents. On ne s'attache pas aux Ormen, ils ne nous ressemblent pas. Leurs amis, leurs amours, leurs emmerdes épreuves ne touchent guère. On lit leur histoire avec intérêt, mais sans passion ni empathie. Je crois que je les aurais aimé plus simples, mais ici, le choix de l'auteur a été d'illustrer la Grande Histoire par des personnages extraordinaires. Personnellement, ce n'est pas ce que je recherche lorsque je me plonge dans une saga. Je garde un souvenir tellement ébloui de la famille Eygletière imaginée par Henri Troyat, la brave tante normande, la jeune fille amoureuse de son professeur de russe (soupirs)...

Pour conclure, je reconnais que le fait de commencer une saga par le dernier tome n'aide pas non plus. Il m'a sans doute manqué les jalons posés dans les volumes précédents pour apprécier complètement l'évolution des personnages et leur histoire. Je les lirai peut-être cet été !

Voici les premières lignes du roman :

(samedi 6 juin 1981)

Pluie fine et froide. Sur le boulevard de Strasbourg, une aube grise et sale hésite à laisser le jour s'infiltrer derrière la gare. Silence aussi : il est encore trop tôt pour que les concierges sortent les poubelles. (...)

Sur la pointe des pieds, Paul déchiffre le plan du métro. de la gare de l'Est à Châtelet, c'est tout droit. Et à Châtelet, ce sera tout à côté. Il lève les yeux, scrute le ciel : une lueur pâle et fragile semble percer malgré tout (...)

Là-bas, il apercevait la lumière par un minuscule fenestron vitré. Trop haut pour qu'il distingue autre chose que le ciel(...) Il y avait une porte en fer, un lit, une table et une chaise. Il dormait enroulé dans une couverture, recroquevillé. (...) Ils étaient deux à le garder, deux hommes, un grand et un moins grand, chacun portait un masque de George Marchais. Deux hommes à la fois différents et identiques, ça faisait peur." (p. 11)

Je remercie vivement Babelio et Pierre Krause, ainsi que les éditions Parigramme pour leur confiance et l'envoi de ce livre.



Lien : http://bgarnis.canalblog.com..
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