Ses coups de poing me font autant d'effet que ses coups de reins. Ils font de lui un homme, un homme comme tous les autres
À force d'entendre que j'étais laide,
j'ai fini par le croire ;
À force de le croire, je le suis devenue.
La laideur, celle de la douleur, est sublime
à contempler.
La beauté sans elle n’est rien.
La vie est une pute qui me fait tout payer.
Alors je la devance, prends de l’avance.
L’infléchis dans le sens contraire,
sur un chemin de travers.
Je fais toujours en sorte que ça ne soit pas droit,
je ne connais que ça.
Hébergée contre monnaie, puis adoptée.
J’ai appris le même jour que j’étais orpheline
et que l’amour se paie.
L'envie est une brume.
Où tant de navires ont échoué.
Elle glisse sur ma peau ; se retire aussitôt ;
comme l'eau sur le sable.
Juste un grain qu'elle me laisse à la tête,
pour me rappeler sa perte.
L'envie est une brume,
où j'ai cru te trouver, où je me suis perdue.
Cœur de pierre submergé
où s'écrasent les naufragées.
J'avale tout le sel de la mer,
pour qu'elle me soit plus douce.
J'avale tout le sel de la mer,
pour pouvoir y couler.
Elle s'est retirée.
L’absence est si présente, que je la sens
parfois comme une personne réelle
se tenant tout près de moi.
Le vide personnifié. Le seul à mes côtés,
le seul à qui parler.
Je ne parle pas, parce que je n’ai rien à dire.
Je ne parle pas, parce que les mots silencieux
de ma tête le sont aussi devenus
de ma bouche.
Qu’à force de ne plus les prononcer,
je ne sais plus penser avec.
Je ne parle pas, parce que je ne sais plus.
Parfois j’essaie d’être comme les autres.
Je fais semblant d’être elle.
Je vis à côté de moi.
Je marche derrière. Je pense avant.
Avec la certitude de ne pas être au bon endroit,
d’être dans un autre corps.
Je la regarde vivre ma vie.
Incapable d’y prendre part.
Sans connaître le malheur,
je ne suis pas heureuse.
La vie glisse, sans larmes ni songes,
comme une lente vague inutile et silencieuse.
Le bonheur m’ennuie.
Parfois même jusqu’à me rendre triste.
Comment font les gens pour avoir l’air
d’aller bien ?