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Critique de Croquignolle


Après un polar assez drôle et léger, j'ai envie de changer de style de lecture. Je pioche ce livre qui trône depuis fort longtemps dans ma bibliothèque. Je pense que c'est un roman, bien écrit puisqu'il est l'oeuvre d'Eric-Emmanuel Schmitt. Je l'imagine sérieux et poétique. Et je me réjouis de rencontrer enfin La rêveuse d'Ostende pour partager rêves et insomnies, désirs et petits secrets.

Et, je l'avoue, elle me plaît beaucoup l'histoire d'Anna et de son prince charmant tout droit sorti de la mer, distingué le jour, vibrant la nuit, aimant sans cesse, trompant son monde et si fidèle à son irrésistible amoureuse. J'aime découvrir leurs secrets coquins, presque sans limites, si bien décrits à la mode grecque qu'ils englobent en leur sein tous les fantasmes et mythologies du monde. Dites, ce soir, je prendrais bien un peu de "Délices de Prométhée" ou une "Boule originelle" selon Aristophane...
Je me suis attachée très fort à Anna et Guillaume, fous de leur fougue et de leur jeunesse, rayonnants de leur ardeur et de leur attachement.

J'aspire à passer les deux cents pages suivantes en leur compagnie. Mais non. La fin est abrupte. Je découvre alors que La rêveuse d'Ostende est en fait un recueil de nouvelles. Et moi, les nouvelles en général, je les évite. Parce que j'ai tant besoin de m'imprégner d'une ambiance, de m'attacher aux personnages, de me plonger corps et âme dans une aventure. Et les nouvelles, ça va - et ça finit - trop vite.
D'où ma déception lorsque je dois quitter le monde féérique du bord de mer de cette région De Belgique pour me plonger dans "Crime parfait", deuxième nouvelle de ce livre.

Changement d'ambiance. On part en randonnée avec Gabrielle et Gab. L'homme qu'on aime n'est pas celui qu'on croit. On laisse la haine imprégner nos sens, nos pensées et détourner nos observations. Et on plonge.
Ce texte est bien écrit, tout en suspense et en ingéniosité.
On se surprend dans le rôle de l'avocat ou de l'ami qui trouve moult arguments, quitte à occulter la réalité pour sauver la face au détriment de la vérité. Et là, à nouveau, ça finit bien trop vite.

Boum... Troisième nouvelle : "La guérison". Stéphanie, mon homonyme, est infirmière. Peu confiante en elle, sensible et en manque d'affection et de tendresse, elle tombe en amour. Ca n'était pas prévu. Ca n'est certainement pas éthique. Mais que peut-on faire contre des émotions si fortes ? L'homme de ses émois ne connaît d'elle que son parfum et sa voix. C'est romantique, léger, plein de bons sentiments et de douceur.
Mais... - et là, vous me voyez venir... - ça va bien trop vite !

L'avant dernière nouvelle "Les mauvaises lectures" me plonge dans un monde imaginaire de film d'horreur de fond de forêt. Je tremble. J'entends des bruits. Je tente de me raisonner. Mais ouf !!!! Elle est encore plus courte que les autres cette nouvelle. Je n'ai pas le temps de me complaire dans ces émotions glauques et flippantes. J'en ressors en reprenant mon souffle.

Heureusement "La femme au bouquet" m'attend, depuis tant d'années, sur le quai numéro trois de la gare de Zürich pour refermer avec moi ce recueil de nouvelles.

Je lui avoue à voix basse que je suis surprise de la force des descriptions et des mises en situation d'Eric-Emmanuel Schmitt. En quelques centaines de pages, il réussit à m'emmener dans les méandres de sensations et d'émotions si variées et parfois opposées. J'ai l'impression d'être partie longuement en voyage, d'avoir rencontré des hommes et des femmes hors du commun tout en étant banals, attachants et horrifiants à la fois. J'ai trouvé l'amour, la trahison, la folie, l'attachement, la tendresse, la passion... et surtout le rêve. Celui qui expérimente, qui abat les limites, qui offre tous les possibles, qui invite à la fête, qui titille nos peurs ancestrales, qui aide à vivre, qui se réjouit du bonheur !
Et moi, je me fais la promesse : les nouvelles feront dorénavant partie de mes compagnes littéraires.
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