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Critique de jd


jd
01 septembre 2008
"Je me doute que je ne lis pas un immense chef-d'oeuvre, mais en revanche, je passe un moment formidable" fait dire Eric-Emmanuel Schmidt à l'un de ses personnages dans ce recueil de nouvelles. A la fois ironique et lucide, l'auteur de « la rêveuse d'Ostende » sait que ces textes courts sont un vrai moment de plaisir pour les lecteurs. C'est rapide à lire, souvent drôle, parfois passionnants, intriguants, voire irritants… mais en effet, toujours agréable.
Au premier rang de ces plaisirs, la nouvelle titre. Cette rêveuse, Anna van A., est la logeuse du narrateur, un écrivain à succès venu se réfugier dans l'austère station flamande pour se remettre d'une déception amoureuse. Il y découvre cette vieille dame, qui passe ses journées dans un fauteuil roulant au coeur de sa bibliothèque, composée de grands classiques, et surtout pas de romans contemporains. Sa nièce explique qu'Anna n'est qu'une vieille fille à l'existence et au coeur vide. Pourtant, la dame se libère au contact de l'écrivain, et lui relate une histoire d'amour passionnelle. Mythomane ? Rêveuse ? Amoureuse ? Folle ? Jusqu'au bout, on suivra l'écrivain dans ses doutes et sa relation avec la veille dame. Et puisque l'auteur s'amuse avec nous et qu'il manie avec un talent certain le sens de l'intrigue et le rebondissement final, on restera pensif jusqu'à la dernière ligne. Pensif, mais rêveur. Nous aussi. Scotché, ce sera aussi la résultante de la dernière page de Crime parfait, une nouvelle cruelle et pleine d'amour. Nous y suivons le procès de Gabrielle de Sarlat, une femme qui forme avec son mari un couple parfait et qu'elle assassine pourtant en le précipitant du haut d'une falaise lors d'une randonnée. Si tout le monde, ou presque, est persuadé de son innocence, Gabrielle elle-même ne comprend plus très bien ce qui avait motivé son geste et découvre avec le procès, avec l'absence, avec les mots des autres, pourquoi elle et son mari formaient pourtant un couple parfait. Un peu dérangeant, cette nouvelle est pour moi un petit bijou du recueil, car pleine de suspens et d'émotion. Alors oui, même si tous les récits sont de qualité inégale, la rêveuse d'Ostende est sans conteste très agréable à lire. On quitte d'ailleurs ce livre avec une part de rêve. Qui est cet inconnu que la vieille dame attendait depuis des années sur le quai n°3 de la gare de Zurich et qui décèdera d'un arrêt cardiaque le lendemain de son arrivée tant attendue ? Chacun y verra celui ou celle qu'on veut attendre, ou qu'on veut revoir ; et c'est le propre de la littérature et y compris de cette littérature là. Un espoir en ce qu'on croit impossible, une invitation au mystère, à la mélancolie, une découverte, une explication,un éclaircissement. Rien que ça, ça vaut la peine d'être lu. Mission réussi M ; Schmidt.

« J'aimerais bien connaître cette épreuve : vivre sans créer, explique Eric-Emmanuel Schmidt, car c'est une épreuve. Comment ferai-je? Je lirai » ; Et bien, lisons !
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