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Critique de Bazart


Bazart
18 septembre 2018
Sans le fameux mouvement #MeToo, sans doute jamais Bernardo Bertolucci n'aurait pris la peine de s'excuser, 40 ans après les faits, de la façon particulièrement violente et cruelle avec laquelle il a tourné la fameuse "scène du beurre" de son film le dernier tango à Paris , à l'insu de son héroïne Maria Schneider.

En effet, il faut savoir que, pour sa jeune comédienne , ce tournage a été ressenti comme un viol, l'une des scènes emblématiques et sulfureuses n'étant pas inscrite au scénario mais préméditée et par Marlon Brando et par le réalisateur.

Vanessa Schneider, grand reporter au Monde et romancière, et qui n'est autre que la cousine de la comédienne , revient, dans un livre évène

ment de la rentrée, sur cette scène et sur l'incidence qu'elle a eu dans la vie de .Maria Schneider, mais elle tient aussi à rappeler qu'elle n'était pas la femme d'une seule scène choc.

Vanessa a toujours été fascinée par sa cousine. Dès 6 ans, elle collectionne tous les articles qui lui sont consacrées : difficile d'en connaitre réellement les raisons : est ce parce que la vie de cette actrice a eu des “incidences” directes sur la sienne ? est ce parce qu'elle faisait partie de son quotidien ?

Quelque que soit la raison, lorsque Maria Schneider décède, Vanessa Schneider prend la plume et nous parle de son enfance bancale, à côté d'une mère qui ne sait pas l'aimer, de ses débuts au cinéma, de son mal être croissant.

La comédienne, juste aprés « le dernier tango à Paris » de Bernardo Bertolucci, est tombée dans les affres de la drogue et va connaitre son lot de parts d'ombre et tourments, mais aussi quelques moments plus heureux dont Vanessa veut aussi parler, comme ce tournage avec Jack Nicholson pour un film dont elle était fière : le très beau "Profession Reporter" d'Antonioni.

Au fur et à mesure de notre lecture, son destin malheureux nous a fait penser à celui de Jean Seberg et hasard, ces deux jeunes femmes, toutes les deux femme-enfant, se croisent à un moment dans ce très beau récit de Vanessa S.
Comment ne pas être touché par la vie de cette actrice, manipulée par Bertolucci et Marlon Brandon, portée aux nues et conspuée en même temps, rejetée du monde du cinéma à partir du moment où elle refuse de tourner des scènes de sexe, propulsée si jeune dans un monde où “cet enfant perdu” n'avait peut être pas sa place.

Dans ce récit vibrants d'émotions, l'on y croise aussi son père Daniel Gélin, mais aussi Alain Delon et Brigitte Bardot qui sont même particulièrement soignés par l'auteur, sortes de bienfaiteurs inattendus .

"Tu t'appelais Maria Schneider" est aussi le tableau d'une époque, celle des années 70 et celui d'une famille où la folie et les excès sont toujours présents.

Réduite à une image qui n'était pas vraiment elle (même Libération lorsqu'il fait son portrait, choisit une photo d'elle nue, ce qui serait impensable pour un homme), avec ce livre, Vanessa Schneider redonne à Maria Schneider une complexité et une densité profondément humaines.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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