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Critique de Eric76


Un grand roman. Un livre poignant. On y parle de ces choses essentielles qu'on a toujours tendance à mettre de côté tant elles sont embarrassantes. On y parle de la solitude et des ténèbres qu'on découvre au bout du chemin ; on y parle de la fin des aventures et des illusions ; on y parle de cet ultime voyage dans la « forêt perdue » des Hommes, peuplée de singes hurleurs, de voix oubliées que l'on retrouve miraculeusement, de visages aux contours flous et pourtant si familiers, de moments héroïques et de grands renoncements. On y parle aussi de ces moments qui éblouissent les nuits et réchauffent les coeurs quand survient l'amitié, la fraternité des armes entre de vieux soldats fourbus, quand il faut faire preuve de courage et d'abnégation dans un chalutier, dérisoire coquille de noix balayée par le blizzard et la tempête furieuse.
Un verre d'alcool à la main, arrivé au bout du monde, on se souvient de ces soldats perdus, vaincus d'avance, qui défendirent avec fatalisme des empires en train de s'effilocher et des valeurs moribondes. Ceux qui formèrent le dernier carré, la dernière légion, ces insensés qui toujours chargèrent au son grêle du clairon ; ceux du « Tout est perdu, fors l'honneur ! », qui subjuguent le commun des mortels et restent ancrés dans leur mémoire. Willsdorff, ce prince dérisoire, dit le crabe-tambour, était l'un d'eux.
J'ai fini ce livre juste au moment où Jean Rochefort s'en est allé. Dans le film, c'était lui le vieux commandant de l'Éole, grignoté par son cancer et tout bouffi d'orgueil, avec son visage de pierre et sa voix grave et lézardée.
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