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Critique de candlemas


La vie, c'est aussi plein de signes du destin, souvent ironiques ; leçons d'humilité pour l'animal pensant que nous sommes... le petit dernier pour moi ce matin : après avoir commenté la Nausée hier, je tombe ce matin sur cet opuscule de 60 pages de de Schopenhauer, lu il y a quelques années pour me familiariser en douceur avec la pensée de ce philosophe.

Quelle belle continuité sur le chemin de la névrose existentielle ! Sans doute ces lectures caractéristiques d'une période de ruptures dans ma vie personnelle n'ont-elles jamais cessé de me hanter... et c'est très bien ainsi. En effet, d'abord pessimiste au 1er regard, ces extraits -car c'est en fait de cela qu'il s'agit- de la pensée de Schopenhauer aboutissent à penser la vie et le néant d'une manière que je qualifierais plutôt de réaliste : la vie consciente et intellectuelle n'est qu'un voile ; oscillant entre ennui et tristesse, elle est destinée à retomber dans le néant. Pour autant, la volonté d'être qui nous porte, l'énergie brute et inconsciente qui nous meut est, elle, éternelle, intemporelle. Dès lors, le néant lui-même est illusion, car le temps, non linéaire, est en fait une roue sans fin, comme dans les pensées bouddhiste et hindouiste.

Dès lors, la pensée de Schopenhauer prend un tour plus rassurant qu'i n'y parait. Certes pas pour l'individu avide d'exister comme animal social, confronté à la souffrance inéluctable que cette existence objet génère, mais, si on a l'humilité de se concevoir comme véhicule passager d'un force universelle, alors l'être prend sens.

Quand j'ai lu ce livre il y a quelques années, cet aperçu d'une philosophie 'd'inspiration bouddhiste et vitaliste, encore mâtinée de christianisme, correspondait pleinement à mes propres interrogations et croyances métaphysiques... et c'est encore beaucoup le cas aujourd'hui. Qu'on partage ces croyances ou pas, cette pensée, originale et métissée, mérite d'être mieux connue, et je confirme qu'elle peut apporter du baume au coeur.

Pour autant, je n'attribue que 3 étoiles, simplement parce que le format est mal choisi. Trop court ou trop long, cet opuscule se résume en fait facilement, car il pose les bases de la thèse de Schopenhauer, puis les reprend sous différents angles, mais sans développements l'enrichissant. du coup, on reste sur sa faim. Il faut sans doute poursuivre en lisant des ouvrages plus complets de cet auteur, même si, personnellement, il a plutôt été l'une des portes d'entrée vers la lecture des maîtres bouddhistes. le monde comme représentation et l'intuition comme volonté existentielle seront sans doute plus largement compris dans le monde comme volonté et représentation.

Un philosophe néanmoins incontournable, à mon goût, dans la filiation de Platon et Kant, dans la réaction au culte de la Raison hegelien. Sa pensée, encore une fois très proche des grandes traditions orientales, se retrouve chez Tolstoï et Dostoïevski, chez Borges et Hesse -et avec quel art !! - ; c'est donc souvent à travers eux que le lecteur français la connaît. Je sais que cette constellation d'auteurs que j'affectionne parle aussi à beaucoup de mes amis babeliotes...

Le décadentisme, puis l'existentialisme, en sont une poursuite évidente. Enfin, proche de Freud par le rôle qu'il attribue à l'instinct sexuel dans la volonté de puissance individuelle et par la primauté de l'inconscient, il préfigure -mais en partie seulement-, sur deux plans différents, les thèses de Darwin et de Nietzche.

Ainsi, je recommande la lecture de Schopenhauer, même si cet opuscule est insuffisant et inadapté, pour la richesse de la pensée de l'auteur dans une volonté de bien vivre au quotidien, pour son ouverture et sa richesse, introduction à d'autres idées, et parce qu'il fut, pour moi, une charnière courte, mais incontournable, vers d'autres lecture formatrices, refondatrices. Je l'avais sans doute un peu oublié... d'où l'intérêt de ressortir ses anciennes lectures... et, dussé-je être le seul, vais donc m'employer à suivre mon propre conseil de lecture ; ) ... Les commentaires d'amateurs plus férus de Schopenhauer seront bienvenus...
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