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Critique de Lierre


Lierre
21 décembre 2023
V.E.Schwab. Je tapote mes doigts contre le bois à la recherche d'un souvenir. V.E.Schwab. 
Ne serait-ce pas la l'autrice de la vie invisible d'Addie Larue, ce roman qui m'avait tant déçue en effleurant à peine une idée grandiose pour se rendre vers une romance insipide ? 
J'hésite. le risque d'être à nouveau déçue est contrebalancé par la promesse d'une réjouissante histoire de fantômes. 
Décidément, je ne peux jamais rien refuser à un manoir hanté me regardant en face. 


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Maison pour jeunes filles de Merilance. 
Ici tout est gris, piteux, lugubre.

Olivia, assise dans le dortoir, parcourt son carnet vert rafistolé. Ses yeux suivent les mots que sa défunte mère y a autrefois tracés. Chaque ligne plus folle, plus invraisemblable que la précédente.

"Je suis à bout de forces je ne sais pas quoi faire ̶n̶o̶u̶s̶ ̶n̶e̶ ̶s̶o̶m̶m̶e̶s̶ ̶p̶a̶s̶ ̶à l'abri̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶c̶e̶t̶ ̶e̶n̶d̶r̶o̶i̶t mais̶ ̶nou̶s ̶n̶e̶ ̶l̶e̶ ̶s̶o̶m̶m̶e̶s̶ ̶nulle ̶p̶a̶r̶t je̶ ̶ne̶ ̶s̶u̶i̶s̶ ̶p̶a̶s̶ là qu̶a̶n̶d̶ ̶j̶e̶ su̶i̶s̶ év̶e̶i̶l̶l̶é̶e et j̶e̶ ̶s̶u̶i̶s̶ ̶a̶ille̶u̶r̶s̶ ̶qu̶a̶nd je ̶d̶o̶r̶s̶,̶ ̶i̶l̶ ̶f̶a̶ut ̶q̶u̶e̶ ̶j̶e ferm̶e̶ ̶l̶e̶s̶ ̶y̶e̶u̶x̶ ̶m̶a̶is l̶e̶s̶ ombre̶s̶ ̶b̶o̶u̶g̶e̶n̶t̶ ̶j̶e̶ ̶l̶e̶s̶ vo̶is qua̶n̶d̶ ̶j̶e ̶n̶e̶ ̶r̶e̶g̶a̶r̶d̶e̶ ̶p̶as et j̶'̶a̶i̶ ̶p̶e̶ur ̶n̶o̶n̶ ̶p̶a̶s̶ ̶d̶'̶elles ma̶i̶s̶ ̶d̶e̶ ̶m̶o̶i d̶e̶ ̶l̶a̶ ̶v̶oix da̶n̶s l̶e̶ ̶n̶o̶i̶r̶ ̶d̶e̶ ̶to̶n̶ ̶a̶bsence̶ ̶j̶'̶ai p̶e̶u̶r̶ ̶d̶e̶ ̶c̶e̶ ̶q̶ue je f̶e̶r̶a̶i̶ ̶s̶ino̶n̶ ̶p̶e̶u̶ ̶i̶m̶p̶o̶rte je̶ ̶s̶a̶i̶s̶ ̶q̶u̶e ça̶ ̶n̶e̶ ̶p̶e̶u̶t pas ̶c̶o̶n̶ti̶n̶u̶e̶r̶ ̶j̶e n̶e̶ ̶p̶e̶u̶x pas ̶c̶o̶n̶t̶i̶n̶uer̶ ̶ je suis désolée d'avoir voulu être libre e̶t̶ ̶d̶é̶s̶o̶l̶é̶e̶ ̶d̶'̶a̶v̶o̶i̶r̶ ̶o̶u̶v̶ert la̶ ̶p̶orte e̶t̶ ̶désolé̶e̶ ̶q̶u̶e̶ ̶t̶u̶ ̶n̶e̶ ̶s̶o̶i̶s̶ pa̶s là
"
D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle essaie de percer le mystère de ses parents à travers cet ancien journal.
Elle atteint finalement les derniers mots. "Olivia Olivia Olivia Olivia Olivia Tu seras à l'abri tant que tu ne t'approches pas de Gallant." 

Soupirant, elle repose le carnet, croisant le regard de la goule blottie sur le lit voisin. "Vas t'en" pense-t-elle de toutes ses forces, sa gorge muette ne pouvant prononcer un son. 
La goule disparaît. 
"Les rêves ne peuvent jamais vous faire de mal." Se répète-t-elle après les mots de sa mère.

Voilà qu'on l'appelle dans le bureau de la directrice. Une lettre est arrivée pour elle, elle a de la famille après tout. Qui l'attend. A Gallant
Ses valises sont faites, ses yeux emplis des questions qu'elle ne peut poser. 

Ce qui l'attend à Gallant ? Des secrets de famille murmurés par des goules silencieuses, des espoirs, des tragédies et quelque chose... Quelque chose qui l'exhorte de rentrer chez elle, une voix grave, profonde, "Olivia, Olivia, Olivia..." 

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Olivia est une héroïne intéressante. Privée de voix, rarement entourée de personnes sachant signer, elle s'est faite à sa solitude à peine comblée par les mots de sa mère et les goules qu'elle est la seule à voir.

Alors que Gallant - une demeure charmante, magnifiquement dépeinte par la plume évocatrice de l'autrice - sombre lentement dans le fantastique, Olivia garde la tête froide. 
Elle lève pour mon plus grand intérêt les voiles des mystères qui peuplent le manoir... Et son carnet. 
En traque les ombres. 

L'histoire ne brille pas par son originalité - on pourrait presque entendre les paroles du fantôme de la mère d'Edith Cushing "ne va pas à Crimson Peeeak" - mais est maîtrisée. 

Le journal maternel est un bel élément d'intrigue qui participe fortement à l'ambiance. 



"Je ne trouve pas de repos dans le sommeil.

Ces rêves vont finir par me tuer."



 

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