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Critique de evergreen13


Terre du bled
François Feldman vous connaissez ? Mais si, le chanteur, Les valses de Vienne, tout ça ! Ah oui, ça remonte aux années 80, alors forcément, quand le François Feldman de Jacky Schwarzmann se présente dans les quartiers lyonnais qu'il fréquente, il suscite un peu d'étonnement. Car ce François Feldman n'a rien à voir avec le chanteur, mais alors rien du tout. La trentaine, un nom célèbre (un peu), qui sonne « juif » avec une tête d'arabe « surtout ce qu'il y a dedans », un peu à cause de la cité où il a grandi… Bref, François, c'est un peu un loser, qui n'a pas tiré les meilleures cartes au départ (« Un nom de juif, une tête d'Arabe, le physique de Philip Seymour Hoffman et la domiciliation aux Buers, c'est ce qu'on peut appeler un mauvais départ dans la vie ») mais il fait le maximum (enfin, presque…) pour s'en sortir. Il a une chouette boutique de tee-shirts, avec des slogans sympas imprimés dessus : par exemple « On est bon, avec les nouveaux freins ? Ayrton Senna. » ou « Mais puisque je vous dis que ça passe ! Capitaine du Titanic. »… Ce matin-là, il a rendez-vous avec sa banquière : ses finances sont dans le rouge… Mais aucun espoir d'attendrir la belle Juliane, ou même de l'intéresser avec un nouveau projet qui pourtant, il en est certain, est l'idée du siècle : Terre du bled. Rien de plus simple : acheter de la terre en Algérie, l'acheminer en France par containers et la vendre au mètre cube aux familles algériennes endeuillées qui, comme ça, pourraient se faire enterrer en France dans de la terre algérienne… Pour sa mise de départ, après avoir essuyé les refus de toutes les agences bancaires de Lyon, François ne voit pas d'autre solution que de solliciter un pote d'enfance. Saïd « le cliché du type gâché, du type qui aurait pu exceller dans pas mal de domaines mais qui, pour réussir, n'avait eu comme avenir que les go fast. » Saïd est donc le caïd des Buers, il a plein de fric, sale évidemment mais bon, la fin justifie les moyens. Mais contre toute attente, Saïd est –lui aussi- offusqué par l'idée de génie de François qui se retrouve donc sans un sou et devant l'immeuble de son (ex) pote, où traînent des jeunes plus ou moins désoeuvrés dont Ibrahim, le petit cousin de Saïd. Et c'est là que le miracle se produit ! Une voiture fonce malencontreusement et renverse Ibrahim. Un accident bête, tragique certes, mais bête tout de même… Surtout que la belle Audi A5 qui errait dans la cité était conduite par… Juliane, la banquière de François !! Quelle belle opportunité à saisir ! Une sorte d'échange de services, de bons procédés, François aide Juliane à se sortir de sa situation très délicate, et Juliane accorde un prêt (très avantageux !) à François. Rien de très compliqué non plus… Mais qui va très joliment déraper, pour le plus grand plaisir du lecteur !
Après avoir lu « Shit ! » je m'étais promis de revenir très vite vers l'auteur. J'ai donc jeté mon dévolu sur ce roman dont le titre était particulièrement intrigant (c'est aussi le titre d'une chanson d'IAM, vous l'aurez compris, la playlist est plus IAM que François Feldman !) espérant retrouver l'humour très noir mais très efficace de Jacky Scwarzmann. Je ne suis pas déçue ! C'est noir bien sûr, totalement amoral, trash et particulièrement jouissif.
Je le classe un petit cran au-dessous de Shit !, plus abouti mais franchement si vous avez envie de passer un bon moment, sans prise de tête, n'hésitez pas à valser (pas forcément à Vienne !) avec François Feldman.
Je laisse le mot de la fin à IAM –les ultimes paroles de la chanson Demain c'est loin, particulièrement bien adaptées au roman :
« Et qu'on ne naît pas programmé pour faire un foin
Je pense pas à demain, parce que demain c'est loin »
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