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Critique de Henri-l-oiseleur


Ce livre de philosophie a deux grandes qualités : la première est qu'il offre au lecteur un panorama global, et plutôt fouillé, de la pensée des grands auteurs de la gauche européenne, depuis Gramsci et Lukacs jusqu'à Badiou ou Zizek, en passant par Lacan, Foucault et d'autres grands noms du marxisme anglo-saxon moins connus sur nos rives. L'information semble solide et le compte-rendu synthétique, mais la lecture demande une culture philosophique qui me manque. Il suffit au curieux de consulter l'index des noms en fin de volume pour se reporter au système et à la pensée auxquels il s'intéresse.

La seconde grande qualité du livre découle de la première : ce n'est pas un ouvrage destiné au bachotage universitaire, mais un panorama critique de la pensée de gauche depuis ses origines socialistes et marxistes, au tournant des XIX° et XX° siècles, jusqu'aux grandes figures du gauchisme culturel d'aujourd'hui. L'auteur décrit le fonctionnement philosophique qu'on pourrait appeler "gauche" comme un bouclage de la pensée qui exclut le réel, l'expérience empirique, au profit du libre jeu des concepts et de l'utopie. On retire de tout cela que la philosophie critique de la gauche est un nihilisme qui justifie tous les crimes venus de son côté au nom de l'utopie. L'auteur oppose à ce système qui survit à tout, la tradition juridique occidentale et l'expérience sociale anglo-saxonne, qui gèrent les conflits réels au lieu d'exterminer des "masses" au nom d'une abstraction. "L'erreur", c'est cette scolastique pesante qui se substitue, parfois par la force, à la pensée. Et "l'orgueil" est celui de ces philosophes installés aux bonnes places de la société bourgeoise qu'ils méprisent, et qui se drapent dans un discours autiste fermé à
toute critique et argumentation. Qui conteste et pose des questions est de facto un salaud, un ennemi du peuple qu'il convient d'éliminer au nom de la liberté.

C'est donc un livre très important, qui, je crois, peut se consulter autant que se lire d'une traite, mais il demande attention et compétences. Il m'a fait - cruellement - toucher du doigt mes limites, mais d'autres sauront en tirer profit.
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