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EAN : 9782810008957
491 pages
L'artilleur (06/03/2019)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Dans cette synthèse majeure, Roger Scruton passe au crible les travaux des penseurs qui ont le plus influencé la gauche depuis 1945. De Sartre à Foucault en passant par Thompson, Habermas, Hobsbawm, Derrida ou Badiou : aucun des grands intellectuels de la gauche de l’après-guerre n’est oublié. L’ouvrage offre non seulement une évaluation complète de leurs contributions philosophiques mais il retrace aussi leur parcours et leurs engagements politiques les plus signif... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre de philosophie a deux grandes qualités : la première est qu'il offre au lecteur un panorama global, et plutôt fouillé, de la pensée des grands auteurs de la gauche européenne, depuis Gramsci et Lukacs jusqu'à Badiou ou Zizek, en passant par Lacan, Foucault et d'autres grands noms du marxisme anglo-saxon moins connus sur nos rives. L'information semble solide et le compte-rendu synthétique, mais la lecture demande une culture philosophique qui me manque. Il suffit au curieux de consulter l'index des noms en fin de volume pour se reporter au système et à la pensée auxquels il s'intéresse.

La seconde grande qualité du livre découle de la première : ce n'est pas un ouvrage destiné au bachotage universitaire, mais un panorama critique de la pensée de gauche depuis ses origines socialistes et marxistes, au tournant des XIX° et XX° siècles, jusqu'aux grandes figures du gauchisme culturel d'aujourd'hui. L'auteur décrit le fonctionnement philosophique qu'on pourrait appeler "gauche" comme un bouclage de la pensée qui exclut le réel, l'expérience empirique, au profit du libre jeu des concepts et de l'utopie. On retire de tout cela que la philosophie critique de la gauche est un nihilisme qui justifie tous les crimes venus de son côté au nom de l'utopie. L'auteur oppose à ce système qui survit à tout, la tradition juridique occidentale et l'expérience sociale anglo-saxonne, qui gèrent les conflits réels au lieu d'exterminer des "masses" au nom d'une abstraction. "L'erreur", c'est cette scolastique pesante qui se substitue, parfois par la force, à la pensée. Et "l'orgueil" est celui de ces philosophes installés aux bonnes places de la société bourgeoise qu'ils méprisent, et qui se drapent dans un discours autiste fermé à
toute critique et argumentation. Qui conteste et pose des questions est de facto un salaud, un ennemi du peuple qu'il convient d'éliminer au nom de la liberté.

C'est donc un livre très important, qui, je crois, peut se consulter autant que se lire d'une traite, mais il demande attention et compétences. Il m'a fait - cruellement - toucher du doigt mes limites, mais d'autres sauront en tirer profit.
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Quel festival d'intelligence, de pertinence et de clarté… et de courage pour avoir lu et étudié toute la production des escrocs, bouffons, crapules, imposteurs… de l'intelligentsia de gauche américaine et européenne. L'auteur dispose d'une abyssale connaissance de la philosophie ancienne et moderne, des événements politiques de la deuxième moitié du siècle passé. Epoustouflant. Restons avec les Français. le livre commence après la deuxième guerre mondiale, avec le “maîtreˮ, Sartre qui comme auteur “engagéˮ a passé la guerre à la terrasse des “Deux magotsˮ, bel endroit pour faire la morale ! Il a vanté le communisme comme son copain Merleau-Ponty a justifié le Goulag. Brasillach avait choisi le nazisme et a été fusillé, combien de salauds ont choisi le communisme et s'en sont servi pour leur carrière universitaire, bonne pioche. Un petit tour avec Lacan, le chef des escrocs s'enrichissant sur les malheurs de ses patients, certains crétins complices parmi eux. Et les bouffons, Deleuze, Guattari et autres producteurs de l'usine à non-sens. Terminons avec la dernière crapule en vie, Badiou, qui enrobe le rien de son discours par de la mathématique à laquelle de toute évidence il ne comprend rien, cela donne un vernis de sérieux à ses divagations, les benêts en raffolent. Une question demeure comment cette clique a pu pendant des décennies occuper le devant de la scène, profiter des deniers du contribuable, abuser tant de gens ? Une nouvelle religion qui a trouvé ses croyants ? Cela continue avec les nouvelles modes universitaires : théorie du genre, islamo-gauchisme…
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un panorama passionnant, unique et indispensable de la "pensée " des principales idoles de la philosophie de gauche, en particulier des années 70 et 80, comme Foucault, Derrida et autres. L'auteur montre une très profonde connaissance des publications de ces auteurs, dont il fait apparaitre de manière claire les contradictions dans nombre de leurs propos, et parfois même le vide sidéral de certaines phrases absconses. Scruton tente de nous guider à travers une pensée enfermée dans une terminologie propre sans plus aucun rapport avec le monde de la réalité. C'est l'intérêt principal du livre. Mais, quand il tente d'exposer le fond du raisonnement de chacun et son apport à cette pensée fermée de la nouvelle moderne, il n'échappe pas toujours à l'obscurité qu'il leur reproche. Mais peut on le lui reprocher? est-il possible de présenter clairement un auteur qui cache sa pensée dans une obscurité volontaire ?
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S'il était français et pas mort, Roger Scruton serait chroniqueur à Cnews : c'est un réactionnaire. Pardon, un conservateur. Qui a peu goûté à Mai 68 et dont Marx n'a jamais été la cup of tea.
Cela étant, critiquer les excès de la gauche dont Mélenchon est aujourd'hui la pire caricature, n'est jamais complètement vain...
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critiques presse (1)
LeMonde
25 mars 2019
Si vous préférez admirer que réfléchir, laissez tomber tout de suite. Car ce livre attaque, frontalement et durement, une pléiade de penseurs, pour la plupart philosophes, qui furent objet de respect, voire de vénération, et qui le sont encore.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La distinction entre l'Etat et la société civile fut exprimée de diverses façons par Burke et Hegel, en réponse à la Révolution française et à la confiscation de l'héritage social français qu'elle initia. On a pu constater au XX°s que les Etats socialistes à travers le monde absorbaient et supprimaient les associations librement constituées, les remplaçant par des bureaucraties hiérarchisées de leur cru. Dans la vision de gauche radicale, tous les pouvoirs au sein d'une société civile sont attribués, de manière explicite ou implicite, à l'Etat ou à la "classe" qui le contrôle. Ils sont entre les mains de l'"hégémonie" dominante (Gramsci) ou des "appareils idéologiques d'Etat" (Althusser). Pour les gauchistes, chaque association, chaque institution, chaque "petit peloton" est "toujours déjà" politique. Ainsi, lorsque l'Etat intervient pour supprimer les écoles privées, pour nationaliser les industries, pour confisquer les biens des églises, pour remplacer les équipes de secours locales ou criminaliser certaines activités "inconvenantes" telles que la chasse au renard ou l'usage du tabac dans les bars, cela n'est en rien considéré comme un abus de pouvoir. L'Etat est responsable de la vie sociale, et en tant que tel, il remplace simplement une forme de société par une autre, qui est meilleure.

p. 476, Qu'est-ce que la droite ?
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L'ouvrier est censé tirer profit de sa relation avec l'intellectuel. Mais l'avantage revient surtout à l'intellectuel, puisqu'il est le seul à en dicter les termes. Le zèle compatissant de l'intellectuel (comme décrit par Rousseau) repose sur un besoin émotionnel trop grand et trop pressant pour ne pas être tyrannique. Si les intellectuels se montrent sans pitié envers les ouvriers sur lesquels ils mènent leurs expériences, c'est entre autres parce que, considérant le monde du point de vue "totalisant" du royaume des fins, ils ne peuvent percevoir l'existence réelle, mais empirique, de leurs victimes. L'ouvrier s'en trouve réduit à une simple abstraction, non de par le dur labeur de la production capitaliste, mais de par la rhétorique enflammée des intellectuels de gauche. Il est le moyen par lequel l'intellectuel parvient à l'exultation, et peut être supprimé sans scrupule s'il échoue à sa tâche. C'est cet anéantissement intellectuel du simple ouvrier empirique qui a rendu possible son extermination de masse dans le simple monde empirique.

p. 187, "Sartre et Foucault".
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Les critiques de Galbraith à l'encontre du système américain lui valurent sans surprise d'y occuper une position sécurisée. Mais sa nomination au poste d'ambassadeur en Inde en 1961 le poussa à adopter une vision un peu plus mesurée et réaliste, et il prit un temps conscience de cette réalité qu'un siècle de pensée marxiste avait trouvé les moyens de nier : ce n'est pas le système économique d'une nation qui détermine sa nature, mais ses institutions politiques. Il comprit aussi qu'un ordre politique qui honore ses détracteurs est radicalement différent d'un ordre politique qui les honore en les envoyant à la mort au Goulag.

p. 93
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Le contraste implicite entre la guerre et les massacres nazis d'une part (décrits comme des fins en soi), et la guerre et les massacres perpétrés par le communistes d'autre part (décrits comme des moyens pour parvenir à une fin), n'est pas non plus d'un grand secours. Dans ce contexte et à l'échelle de ces choses, il est impossible de prendre cette distinction au sérieux. Une personne capable d'écrire à la manière de Badiou a de toute évidence perdu la notion de ce qu'est un crime. Comme pour Hosbawm, Sartre, Lukacs et Adorno, le crime pour Badiou n'est pas un crime, si l'utopie est l'objectif visé.

p. 438, "Le Kraken se réveille : Badiou et Zizek".
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Au lendemain de 1989, il sembla un temps que le programme communiste avait été défait, et que tout indiquait un rejet décisif des idées qui avaient réduit en esclavage les peuples d'Europe de l'Est depuis la guerre. Mais la machine à non-sens fut lancée pour détruire les jeunes pousses de l'argument rationnel, pour tout recouvrir d'un brouillard d'incertitude et pour relancer l'idée - déjà présente et toxique chez Lukacs - que la vraie révolution était encore à venir, et que ce serait une révolution des mentalités, une libération intérieure, contre laquelle l'argument rationnel (qui est une simple "idéologie bourgeoise") ne peut se défendre. Ainsi, le règne du non-sens coupa si radicalement la question de la révolution de toute possibilité d'enquête rationnelle que celle-ci ne pouvait plus être directement posée.

p. 458
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