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Critique de Aela



Depuis la nuit des temps, la lèpre a été la maladie qui a suscité le plus d'effroi et de révulsion, tant ses effets sont monstrueux : insensibilité des extrémités, déformation des membres, gangrène..
Ce fléau concerne encore malheureusement bien des pays sur notre Terre et le roman « L'île des oubliés » est là pour nous rappeler, qu'il n'y a pas si longtemps, 50 ans à peine, la lèpre sévissait encore en Europe et une léproserie existait sur l'île de Spinalonga, proche de la Crète, dernière léproserie d'Europe qui a été fermée en 1957.
Cette léproserie a accueilli plusieurs centaines de lépreux de 1903 à 1957 ; L'île est maintenant inhabitée mais les touristes peuvent la visiter ; J'ai visité cette île en 2006 et ma stupéfaction fut immense de constater que ce fléau existait encore en Europe au début du 20ème siècle !
Lorsqu'on visite l'île, ou du moins les ruines des habitations des habitants, on est frappé par la « normalité » qui s'en dégage.
Ces pauvres gens frappés de la maladie la plus terrible qui soit, ont tout fait pour garder au moins en apparence une existence « normale » ; Il y avait des boutiques, des artisans, un centre culturel, une vie communautaire importante.
Le roman de Victoria Hislop, romancière anglaise d'ascendance grecque, est un magnifique hommage à cette communauté de malades exclus cruellement de la société.
Dès que les premiers signes de lèpre apparaissaient, le malade était envoyé sur l'île de Spinalonga.
Nul n'en revenait : on vivait à Spinalonga entre lépreux, on y mourait, on s'y mariait parfois, des enfants naissaient et étaient cruellement arrachés à leurs parents s'ils n'étaient pas atteints de la lèpre, pour être adoptés par des familles « saines ».
le dernier résident de Spinalonga fut le prêtre qui quitta l'îlot en 1962, soit 5 ans après la fermeture de la léproserie, afin de respecter les croyances religieuses de l'Église grecque orthodoxe, dans lesquelles une personne enterrée doit être commémorée à 6 mois, 1 an, 3 ans et 5 ans après sa mort.
Ce roman est l'histoire d'une famille dont deux membres, la mère et la fille, vont être touchées par la lèpre.
L'issue sera fatale pour la mère qui va mourir assez vite. Sa fille en revanche pourra bénéficier des nouveaux traitements introduits après la guerre, à base d'antibiotiques.
A travers cette saga familiale, c'est un bouleversant plaidoyer qui est livré ici : plaidoyer contre l'exclusion et l'intolérance.
La lèpre donnait lieu à des idées fausses : contagion, hérédité.
Cela explique le traitement souvent inhumain réservé aux lépreux.
Le livre se termine sur une belle note d'espoir.
Il a été traduit dans vingt-cinq pays et a été adapté à la télévision grecque.
Il a valu à la romancière Victoria Hislop le Prix de la Révélation Littéraire en Grande-Bretagne.

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