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Critique de Osmanthe


Ryoko Sekiguchi, la plus française des japonaises, explore dans ce petit essai la notion de "Nagori", littéralement "reste des vagues", qui exprime le sentiment de nostalgie de la séparation. Plus précisément, dans les délicates nuances de la langue japonaise, ce mot est employé tout spécialement pour parler de la saison qui vient de s'achever. Avec Ryoko, les plaisirs gustatifs sont toujours à l'honneur, c'est encore le cas ici. La réflexion sur le cycle des saisons permet de pointer la question de la saisonnalité des produits que nous consommons, et en cela notre rapport au temps qui passe. C'est une invitation à savourer pleinement le moment présent, dans l'acceptation du cycle naturel des saisons et de l'achèvement d'un cycle. Quel instant précieux que la dégustation de ce dernier fruit d'été finissant ! En sérénité, ayons la patience et la sagesse d'attendre son retour l'année prochaine...

Ryoko Sekiguchi, complètement imprégnée des deux cultures japonaise et française, peut témoigner des nuances, et souvent des différences dans les mentalités respectives. Le nagori, c'est la fin du cycle, c'est l'automne, et c'est souvent un petit drame pour un français. Le japonais accueille l'automne avec sérénité, par une acceptation modeste de l'ordre des choses naturelles.

J'ai trouvé cet essai intéressant, original quant à son sujet parfois complexe et sinueux, mais riche d'enseignement sur la mentalité nippone. En outre, l'écriture, directement en français de l'auteure, qui vit depuis longtemps en France, est d'une qualité absolument remarquable.
Ce livre est une pièce supplémentaire, de choix, dans l'oeuvre philosophique que construit peu à peu Sekiguchi, une oeuvre originale car très ciblée sur notre rapport au monde, notamment au temps et à la nature, à travers les sens, et surtout les goûts et saveurs alimentaires.
Une lecture dense, quelque peu élitiste, peut-être trop pour moi, mais sa qualité littéraire m'incitera je pense à y revenir de temps à autre, pour mieux en appréhender les subtilités, et me délecter de quelques-uns de ces mots japonais composés tout exprès, dans des sonorités si douces à l'oreille, pour exprimer des sentiments, des situations pratiquement indéfinissables pour la langue française.
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