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Citations sur Nagori, la nostalgie de la saison qui s'en va (84)

On croit parfois universels certains concepts qu’on estime essentiels à la vie, et on s’étonne d’apprendre qu’ils ne s’appliquent pas partout. C’est le cas, par exemple, des notions de « société », de « liberté » ou d’« amour », qui n’existent en japonais que depuis l’ouverture du pays au XIXe siècle, comme concepts traduits des langues européennes. Le constat étonne toujours les non-Japonais.
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Il y a une expression en japonais, "aji wo mukae ni iku", qui pourrait se traduire par "aller chercher un goût". En cas de rencontre véritable entre deux ingrédients, il arrive que l'un aille "chercher le goût" de l'autre, pour en extraire la meilleure part. Pour peu que l'échange soit mutuel, on pourra découvrir une saveur qui n'existait pas tant que les ingrédients menaient leur vie séparément.

p.73
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The Last Leaf d’O. Henry est l’histoire d’une jeune femme qui s’identifie à une saison. Johnsy, atteinte de pneumonie, est au seuil de la mort. Par la fenêtre du modeste appartement qu’elle partage avec d’autres artistes, elle contemple les quelques feuilles de lierre restées accrochées sur les branches et annonce qu’elle mourra lorsque les dernières feuilles seront tombées. Selon le médecin, c’est surtout l’envie de vivre qui lui manque : elle ne saurait guérir si elle ne reprend pas goût à la vie. Behrman, son voisin du dessous et vieux peintre alcoolique, répète à qui veut l’entendre qu’il peindra un jour un chef-d’œuvre. Il rabroue gentiment la mélancolique Johnsy. Après une nuit de tempête, il ne reste au matin qu’une seule feuille au lierre. Les rafales de vent et de pluie ont beau se poursuivre le lendemain, la feuille tient bon contre le mur. C’est cette feuille qui rend à Johnsy son espoir en la vie, et la jeune femme retrouve peu à peu ses énergies. En revanche, Behrman s’éteint deux jours plus tard, de froid et de fatigue. La dernière feuille de lierre sur le mur, c’est lui qui l’avait peinte. Johnsy comprend alors que c’était là le chef-d’œuvre promis.
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La coutume de l'o-miokuri surprend souvent les Occidentaux en visite au Japon. Elle consiste à raccompagner la personne qui s'en va, comme cela se pratique dans beaucoup d'autres cultures, et comme elle s'est pratiquée longtemps dans les gares et les ports. Au Japon, cependant, elle ne concerne pas seulement les grands départs. En ce moment que je suis au Japon, ma mère reste sur le pas de la porte tous les matins quand je sors de la maison, et agite la main jusqu'à ce que j'aie tourné le coin de la rue. Dans les restaurants traditionnels de Kyoto, le chef et la patronne sortent chaque fois qu'un client quitte l'établissement, et continuent de les saluer jusqu'à ce qu'il ait disparu de leur champ de vision. Omiokuri, c'est "raccompagner (okuru) du regard (mi)".
Chaque fois que je me rendais chez mon grand-père, au moment de se quitter, il faisait "omiokuri" jusqu'à ce que j'aie monté la pente et que l'on ne se voie plus. C'est le regard qui prolonge le lien entre deux personnes, même après le départ.
Est-ce parce que nous, Japonais, n'avons pas d'autre geste pour ponctuer la séparation, comme la bise? Toujours est-il que la séparation, comme une queue de comète, laisse une trace; ce n'est pas tourner la page brusquement.
(...)
Ce ne sont pas seulement les personnes; parfois, un lieu peut vous accompagner. Lorsque l'on prend le train, le bateau ou la voiture, et que l'on regarde s'éloigner le paysage du lieu qu'on quitte, n'avez-vous pas senti parfois ces montagnes, ce port, vous accompagner encore un moment?
Aucun départ, nulle séparation, ne se fait en un instant. Même si le moment du départ dure à peine une seconde, il reste encore les vagues, la lumière qu'a laissée le temps passé ensemble.
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Les saisons, c'est un sentiment, une émotion. Nous entretenons avec chacune d'elles une relation intime et personnelle. Sentir cet attachement, quel que soit le moment de la saison que l'on préfère, c'est peut-être cela "être de saison", au sens de l'expression française. C'est être dans l'instant, être dans la vie.
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Quel nagori nous affecte le plus durement,
La séparation avec les fleurs
Ou la séparation avec le printemps?
(Fushimi'in)
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Pour une fois je voulais écrire un livre sur la vie. Ou sur la mort qui est la continuité de la vie. Sur les morts qui cohabitent avec la vie. Parce que c’est cela, les saisons. Les morts, ou les disparitions successives qui laissent la place à d’autres vies, mais qui un jour font retour. 
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Aucun départ, nulle séparation, ne se fait en un instant. Même si le moment du départ dure à peine une seconde, il reste encore les vagues, la lumière qu'a laissée le temps passé ensemble.
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C’est cela, les saisons. Les morts, ou les disparitions successives qui laissent la place à d’autres vies, mais qui un jour font retour.
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Les saisons qu'on ne vit pas dans le réel, on les vit aussi bien à travers les mots.
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