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Critique de LoupAlunettes


Année 20.
Elle s'était mise à courir, cherchant un endroit sûr où elle trouverait sa place. La ville de New York était immense, grouillante de monde et d'autos mais ce n'était pas cela qui effrayait la jeune enfant. La nature ne lui avait pas permis d'entendre le brouhaha de la ville animée. Ses lumières, celles des rampes du spectacle l'avaient même poussé à fuguer jusqu'ici, cherchant deux bras familiers pour la rassurer, rendre le silence et la solitude des jours qui passent plus supportable. Elle devait rester à la maison, se montrer simplement patiente lui avait-on rétorqué avec impatience. Réfugiée au musée comme dans une seconde maison, elle se prit à vouloir faire un voeu devant l'exposition d'une météorite. Elle posa son souhait sur le papier et le papier au sommet. Qui sait?
Epuisée, elle sentit enfin une main familière lui être tendue.
Merci Walter, lui déposa t-elle sur un papier.

Années 70.
Il s'était enfui, la valise à la main, à la poursuite des derniers liens qui pouvaient le lier encore à une famille, sa famille. Sa maman s'en était allée et quelques documents trouvés dans sa maison lui révélèrent que quelqu'un d'encore inconnu mais si proche à la fois pouvait l'attendre quelque part à New York. Mais cette personne ne le savait pas encore. Frappé par la foudre et récemment de surdité, le jeune Ben suivait les indices glanés avant l'incident, une adresse sur le marque-page d'une librairie, des mots tendres à l'intention de sa maman, un petit livre sur les cabinets de curiosités dédicacé affectivement..
Ses petits pas affolés le conduiront jusqu'au musée.
Il remarqua par la réflexion du plafond miroité la présence d'un papier au sommet d'une énorme météorite exposée. Il se serait bien autorisé un voeu, il avait un rituel avec sa maman au passage d'une étoile filante dans le ciel.
Les gardes du musée commencèrent à s'inquiéter de voir un enfant seul. Heureusement, un jeune garçon, Jamie, lui vint en aide, le même qui auparavant tenta de lui indiquer une direction sans comprendre qu'il ne pouvait l'entendre. Jamie comprit que Ben avait besoin à cette heure d'un refuge.
Il connaissait les lieux, son père y travaillait. Il le mena dans un endroit secret, une réserve qui conservait depuis des années un cabinet de curiosité.

: Brian Seznick revient avec un roman graphique intrigant, esthétiquement captivant et dont le parcours de lecture se trouve très déroutant. A l'identique de son fameux Hugo Cabret, l'auteur mêle deux narrations, une écrite et l'autre illustrée, nous perdant de temps à autre dans des espaces d'imaginaire tout en nous maintenant adroitement sur les rails jusqu'au bout.
Le récit de la jeune fille court sur les dessins en noir et blanc, celui de Ben sur le fil du texte et les deux habilement se suivent, se croisent au fil des pages tournées sans que l'on se perde, nous passons de l'une à l'autre sans confusion et attendons le dénouement des attentes de ses deux âmes en perte de repère.
Les deux personnages trouveront un havre de paix au musée, pour des raisons qui leur sont propres. L'élément du cabinet de curiosité fait entrer les jeunes lecteurs dans les origines de la culture de conservation comme cela avait été fait avec le cinéma de Méliès, père des effets spéciaux dans Hugo Cabret.
Brian Selznick distille son suspens et la couverture ne nous renseigne pas d'avantage. Si les enfants n'entendent pas, nous, avec ce Black out, ne voyons rien venir.
Si les effets de zoom inversés sont aussi utilisés dans les deux romans, ici, ils participent à un jeu général, magistral, plus savant de mises en abîme, l'histoire dans l'histoire,  des petites matriochka métaphoriques qui conduisent les lecteurs d'un indices à l'autre, d'une évocation à une autre, le prolongement de la pensée des deux héros que nous suivont.
L'auteur joue avec le lecteur qui ne pourra s'empêcher de trouver des liens évidents à travers les éléments et l'espace temps. Les histoires de Ben et de la blonde petite fille se ressemblent, du besoin d'être réconforté par un parent à l'handicap de la surdité. le sentiment d'abandon avait déjà aussi été abordé dans Hugo Cabret qui s'était retrouvé orphelin et qui, caché dans la grosse horloge de la gare, tentait de poursuivre l'oeuvre de son père, le secret de l'automate.
L'ouvrage est d'une épaisseur trompeuse, un pavé qui se dévore plus rapidement qu'il n'y parait. Une récit original, un ouvrage qui se veut aussi beau livre-objet pour des bibliophiles en herbe. le titre remporta le prix Sorcière 2013 des Professionnels libraires et bibliothécaires dans la catégorie Roman Junior. A découvrir, vraiment.
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