AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de marina53


En cette soirée du 14 juin 1941, installée à son bureau, en chemise de nuit, Lina s'apprête à écrire à sa cousine lorsque des coups frappés à la porte, insistants, pressants, retentissent dans tout l'appartement. Sa mère va ouvrir et trois fonctionnaires du NKVD, la police secrète soviétique, font irruption et informent la famille qu'ils ont 20 minutes pour se préparer. En vitesse, Lina et son petit frère Jonas font leurs valises, leur maman les sommant de ne prendre que l'utile tandis qu'elle-même s'acharne à détruire sa plus belle porcelaine avant d'enfiler son manteau où elle aura caché dans la doublure papiers, bijoux et autres objets de valeur. En suivant les fonctionnaires qui les conduisent tous les trois vers un camion où sont déjà entassées plusieurs personnes, Lina s'inquiète pour son père qui n'était pas rentré, plus tôt dans la soirée, de son travail. Des heures d'attente devant l'hôpital avant qu'un agent du NKVD hisse une jeune femme et son nourrisson dans le camion. Si beaucoup s'inquiètent et ont peur de ce qui les attend, un homme chauve, lui, est certain qu'ils vont tous mourir. Premier arrêt, un modeste dépôt ferroviaire où des wagons à bestiaux s'alignent à l'infini et dans lesquels une multitude de Lituaniens sont pressés et entassés. Personne ne sait encore qu'un long et pénible voyage les attend...

Si la déportation des Juifs, sous les ordres d'Hitler, et leur enfermement ou extermination dans des camps de concentration est un pan de l'Histoire dramatique et horrible, il en est un autre tout aussi tragique et pourtant moins connu : la déportation de la population de trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) vers des camps situés en Sibérie. Des personnes (médecins, avocats, professeurs, musiciens, bibliothécaires...) envoyées en prison ou déportées pour y être réduites à l'état d'esclaves, dans des conditions climatiques extrêmement rudes, sous le seul prétexte d'être considérées d'office comme antisoviétiques. Si ces faits effroyables sont aussi peu connus, c'est tout simplement parce que ceux qui ont eu la chance d'en ressortir vivants n'ont pas eu le droit d'en parler sans risquer un emprisonnement immédiat ou une nouvelle déportation, quand ce n'était pas la mort. C'est à partir de l'histoire de Lina et sa famille que Ruta Sepetys retrace ces événements terribles et inhumains. Adolescente de 15 ans, elle sera déportée, comme bon nombre de ses concitoyens, vers un camp en Sibérie, sous la surveillance de soldats du NKVD tyranniques. Rudesse du climat, abri de fortune, nourriture inconsistante, maladie et infection, travail à longueur de journée... C'est ce qu'ils subiront tous pendant des années. Si ce roman, basé sur des faits historiques, l'auteure s'étant elle-même inspirée de l'histoire de sa propre famille, raconte l'horreur, l'impensable, la noirceur de l'être humain, il n'en reste pas moins profondément émouvant et touchant et teinté d'une lueur d'espoir. D'une incroyable richesse et justesse, porté par des personnages inoubliables, ce roman, éprouvant, est, sans nul doute, essentiel pour comprendre la portée de ce qu'a fait subir Staline (qu'on estime responsable de la mort de plus de 20 millions de personnes).
Commenter  J’apprécie          576



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}