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Critique de candlemas


Luis Sepulvera, qui a aujourd'hui 68 ans, a connu les geôles de Pinochet pour son engagement politique, la lutte armée sandiniste au Nicaragua, un an d'immersion auprès du peuple Shuar, et le militantisme auprès de Greenpeace, puis de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme.
Mon propos n'est pas de paraphraser wikipedia, mais bien d'introduire à ce court roman de 110 pages en insistant sur ses deux versants qui m'ont attiré a piori et se sont confirmés à la lecture : son caractère philosophique engagé, mais aussi son goût de sang et de sueur, l'évocation d'une amazonie dure, où ne vivent réellement parmi les hommes que ceux qui se plient aux forces naturelles -sans quoi El Idilio est un enfer-. Il est évident que Luis Sepulvera fait partie de ces penseurs engagés que j'affectionne : une main qui écrit , l'autre qui s'active à faire avancer la pirogue sur le fleuve et à préserver sa vie...

Les personnages, à commencer par cet incroyable vieux, héros "classique" au coeur de la fable, synthèse idéale de force, de sagesse et de sensiblité, poli par la vie, nous saisissent immédiatement, efficacement. le petit côté manichéen (militant, vous disais je : les gentils / les méchants...) agace un peu, mais comment ne pas adhérer à ce jeu amoureux du vieux avec la nature sauvage, jusqu'à la lutte paroxistique avec la reine des jaguars.
Les chercheurs d'or, et surtout le Maire, dont la vanité n'a d'égal que la bêtise, sont bien sûr l'antithèse du vieux, et l'image des êtres "civilisés", dégénérés en fait, ayant perdu l'état de nature cher aux Rousseau (Jean Jacques et le Douanier) et Sepulvera.

En conclusion, j'ai beaucoup aimé cette histoire efficace, bien écrite, y retrouvant l'engagement un peu naïf -je dis ça avec beaucoup d'affection-, brut, et empreint de liberté d'auteurs comme Cendrars et Jack London ; elle nous invite à réfléchir sur le respect dû à la nature... ce qui ne gâche rien... hélas, depuis la parution du roman en 1992, la prise de conscience des puissants est toujours aussi poussive...

J'ajoute une petie dédicace personnelle à François Maspero, mort en avril 2015: notamment traducteur de Joseph Konrad, de Arturo Perez Reverte, Carlos Luiz Zafon et... Luis Sepulvera... nous lui devons beaucoup, nous autres, lecteurs français.
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