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Critique de Chezaude


Luis Sepulveda est un écrivain chilien né en 1949. Son premier roman « le vieux qui lisait des romans d'amour » lui a apporté une renommée internationale.

Antonio José Bolivar ne connait pas exactement son âge mais il connait très bien la forêt amazonienne ainsi que le peuple amérindien qui l'habite : Les Shuars surnommés les Jivaros par les premiers envahisseurs espagnols qui les assimilaient de ce fait à des « sauvages ».

Le jour où un homme, un chasseur blanc, est retrouvé mort, le maire du village d'El Idilio va les accuser de l'avoir tuée. Antonio José Bolivar va les défendre et lui prouver que le tueur n'est pas l'un des Jivaros mais un jaguar et plus exactement une femelle jaguar qu'il se retrouvera plus ou moins forcé d'aller traquer.

Loin du cliché habituel de l'homme civilisé face au sauvage, Luis Sepulveda rétablit une forme d'équilibre. Antonio José Bolivar n'est pas à proprement parlé un être « primitif » mais il n'est pas non plus un « homme civilisé ». Ayant dû fuir son village natal, rejeté des siens, il sera accepté par les Shuars mais ne sera jamais un des leurs. Cette position inconfortable finira par le plonger dans la solitude dont seuls les romans d'amour réussissent à le sortir. Ce sentiment est doublement renforcé par le choix de l'auteur sur le nom du village El Idilio dans lequel élira domicile Antonio, qui est un lieu dans lequel la nature est toute maîtresse et pour le moins loin d'être idyllique.
Avec finesse il aborde cette notion d'appartenance à un « clan » dont les membres sont vite exclus s'ils ne peuvent ou n'arrivent pas à en respecter les codes et cela quel que soit le clan.

Sa manière d'évoquer, presque avec candeur, le mode de vie des Shuars qui ont aidé Antony à survivre dans la forêt amazonienne force le respect. On ressent avec force que le qualificatif « civilisé » n'est pas toujours employé de manière adéquate. Entre l'homme qui tue les bébés animaux par facilité et celui qui ne le fera pas pour respecter le cycle de la nature, on peut effectivement se demander qui des deux l'est le plus. Tout comme l'humanisation importante du jaguar qui nous la rend très respectable. La subtilité de Luis Sepulveda est admirable. Il n'abordera jamais frontalement ce sujet délicat mais il l'immisce progressivement dans l'esprit du lecteur pour qu'il en tire lui-même les conclusions. Il explique avec simplicité et authenticité une réalité qui prend le lecteur de plein fouet. le lecteur se sent respecté dans sa capacité à comprendre le message transmis par l'auteur.

De la même manière, l'auteur pousse le lecteur à comprendre que l'homme, en détruisant la nature, détruit également les hommes qui possèdent le savoir de cette nature difficile et hostile mais pourtant poumon de notre terre puisque leur territoire disparait peu à peu.

Avec brio et légèreté, Luis Sepulveda nous fait prendre conscience d'une vérité que nous oublions bien trop souvent.
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