AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ClaireG


La corrida n'aura pas lieu.

En 1941, deux Allemands antifascistes sont gardiens à la prison de Spandau. C'est leur seule participation à la folie de la Seconde Guerre mondiale. Ils rêvent de s'établir en Terre de Feu, ultime recoin du monde encore porteur d'espoir. L'argent manque, ils volent de l'or. La Gestapo les arrête. L'un s'enfuit avec le magot, l'autre est torturé jusqu'à la paraplégie. Les deux amis ne se reverront pas. de temps à autre, quelques mots codés.

L'or disparu est toujours recherché. La Stasi a remplacé la Gestapo. le paralytique subit à nouveau la torture.

En 1991, l'étau se resserre.
Juan Belmonte, pas le célèbre torero, mais un ex-guérillero chilien, désenchanté de toutes les révolutions d'Amérique latine, vit en exil à Hambourg où il est videur dans un cabaret.

Frank Galinsky, ancien officier des services spéciaux de la Stasi, a perdu son boulot au moment de la chute du Mur de Berlin.

Tous deux sont engagés par des parties adverses pour retrouver la collection de pièces d'or volée aux voleurs d'un orfèvre juif parti pour un aller simple à Bergen-Belsen.

L'un a un but unique et indéfectible, l'autre n'en a pas.
La chasse à l'homme commence.
Rendez-vous en Patagonie.

Luis Sepulveda écrit ici un roman policier. Il aurait pu aller au fait et se contenter de raconter une enquête dans ses moindres détails. de toute façon, il aurait réussi à tenir ses lecteurs en haleine grâce à son écriture vibrante. Mais il a encore un compte à régler avec la dictature - quelle qu'elle soit et où qu'elle soit - et s'il nous fait presque grâce de la gentillesse incontestée et de la compréhension souriante de tous les tortionnaires du monde, il dénonce les méthodes des plus grands meurtriers du XXe siècle.

Ces analepses ne cassent pas le rythme du récit, au contraire, elles renforcent les raisons du caractère sans pitié des antagonistes.

Sepulveda garde l'amour du Chili, de ses espaces extrêmes et rudes, de ses habitants solidaires, mais on sent combien il lui est impossible de vivre dans un pays où certains bourreaux d'hier sont devenus des dirigeants respectés. La démocratie revenue, le silence sur le passé s'impose.

Pas de longueurs, pas de bla-bla. L'humour - parfois grinçant - ne cède jamais la place au pessimisme.

J'en redemande.
Commenter  J’apprécie          622



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}