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François Maspero (Traducteur)Carlo Varacchi (Préfacier, etc.)
EAN : 9782020257350
184 pages
Seuil (01/01/1998)
3.71/5   237 notes
Résumé :
Juan Belmonte, ancien guérillero chilien, et Frank Galinsky, ex-membre de la Stasi, sont engagés par des parties adverses pour retrouver un mystérieux trésor disparu au Chili. Épris de liberté et de justice, ces deux hommes ont tout sacrifié à leurs idéaux politiques. Revenus de leurs illusions, ils entament leur ultime aventure : un duel sanglant au bout du monde.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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La corrida n'aura pas lieu.

En 1941, deux Allemands antifascistes sont gardiens à la prison de Spandau. C'est leur seule participation à la folie de la Seconde Guerre mondiale. Ils rêvent de s'établir en Terre de Feu, ultime recoin du monde encore porteur d'espoir. L'argent manque, ils volent de l'or. La Gestapo les arrête. L'un s'enfuit avec le magot, l'autre est torturé jusqu'à la paraplégie. Les deux amis ne se reverront pas. de temps à autre, quelques mots codés.

L'or disparu est toujours recherché. La Stasi a remplacé la Gestapo. le paralytique subit à nouveau la torture.

En 1991, l'étau se resserre.
Juan Belmonte, pas le célèbre torero, mais un ex-guérillero chilien, désenchanté de toutes les révolutions d'Amérique latine, vit en exil à Hambourg où il est videur dans un cabaret.

Frank Galinsky, ancien officier des services spéciaux de la Stasi, a perdu son boulot au moment de la chute du Mur de Berlin.

Tous deux sont engagés par des parties adverses pour retrouver la collection de pièces d'or volée aux voleurs d'un orfèvre juif parti pour un aller simple à Bergen-Belsen.

L'un a un but unique et indéfectible, l'autre n'en a pas.
La chasse à l'homme commence.
Rendez-vous en Patagonie.

Luis Sepulveda écrit ici un roman policier. Il aurait pu aller au fait et se contenter de raconter une enquête dans ses moindres détails. de toute façon, il aurait réussi à tenir ses lecteurs en haleine grâce à son écriture vibrante. Mais il a encore un compte à régler avec la dictature - quelle qu'elle soit et où qu'elle soit - et s'il nous fait presque grâce de la gentillesse incontestée et de la compréhension souriante de tous les tortionnaires du monde, il dénonce les méthodes des plus grands meurtriers du XXe siècle.

Ces analepses ne cassent pas le rythme du récit, au contraire, elles renforcent les raisons du caractère sans pitié des antagonistes.

Sepulveda garde l'amour du Chili, de ses espaces extrêmes et rudes, de ses habitants solidaires, mais on sent combien il lui est impossible de vivre dans un pays où certains bourreaux d'hier sont devenus des dirigeants respectés. La démocratie revenue, le silence sur le passé s'impose.

Pas de longueurs, pas de bla-bla. L'humour - parfois grinçant - ne cède jamais la place au pessimisme.

J'en redemande.
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Un nom de torero…. Quel titre ! Je pensais que Luis Sepúlveda allait parler de taureaux … Il fallait oser un titre pareil !
Ce n’est pas en tant que défenseur de la Terre Feu, que Luis Sepúlveda, a écrit ce roman, bien qu’il cite Francisco Coloane.
Luis Sepúlveda propose un roman d’espionnage dont l’intrigue fait suite à la réunification des deux Allemagnes, avec un des derniers soubresauts des ex-agents de la Stasi, cherchant à s’accaparer un trésor volé durant la seconde guerre mondiale …
Pour cette chasse au trésor, Luis Sepúlveda rappelle les liens ambigus qu’entretenaient la RDA avec les groupes révolutionnaires d'Amérique du Sud pendant les sinistres dictatures.
Lorsque Luis Sepúlveda, comme dans « le neveu d’Amérique », évoque la torture, son style reste très sobre, mais c’est très poignant.
Le roman n’est pas que noir de désillusions. Luis Sepulveda rappelle le combat et le courage des Mères de la place de Mai.
Pour finir, je voudrais signaler qu’au moins une fois dans son œuvre, dans le chapitre intitulé « Intermèdes » , pendant une veillée funèbre, Luis Sepúlveda rend hommage à un carabinier et à un curé en leur prêtant des citations d’anthologie… Bonne lecture !
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Quel titre ! Ça ne parle pas d'un torero mais de Juan Belmonte, un ancien guérillero, qui porte le même nom qu'un matador espagnol. Juan est engagé par un paraplégique pour qu'il retrouve son ami et les 63 pièces d'or de la collection du Croissant de Lune Errant qu'ils ont volé aux nazis (qui, eux aussi, les avaient volées). Pendant quarante ans, ils ont quelquefois communiqué par message codé. L'un est parti en Patagonie, tandis que l'autre a été torturé. Après la chute du mur, course contre la montre entre la Staci et Juan. Décidément, Sepúlveda nous manquera toujours. Un conteur qui excellait dans les romans jeunesse et adulte et même comme ici dans un polar historique.
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Un nom de torero diffère assez des autres livres que j'ai pu lire de Luis Sepulveda. Ce qui prouve son talent et la richesse de son imagination.
Ici, pas de fable écologique, pas de chat élevant une mouette, ou ami avec une souris.

L'action elle-même se déroule en 1991 et débute concomitamment à Hambourg et à Berlin récemment réunifiée. Quoique si on veut être logique, ça commence en fait dans les années 1940 dans une Allemagne en guerre et bientôt répartie entre les quatre puissances alliées victorieuses. Mais vraiment, si on veut aller au fond des choses, ça démarre en 1325 à Tanger.

Pas simple à suivre? C'est l'intrigue qui veut ça. On voyage dans le temps mais également dans l'espace puisqu'on passe de l'Allemagne partie ex-RDA au Chili ex-dictature, plus précisément en Terre de Feu (rien que le nom fait rêver... Mais ne pas oublier une chaude parla pour s'y balader!). Luis Sepulveda, en moins de 200 pages, réussit à parler des trésors volés par les nazis dans les musées, du périple d'un sage musulman au XIVème siècle, des guérillas pour contrer les régimes dictatoriaux et instaurer le socialisme dans les divers États d'Amérique du Sud, secoués depuis l'après-guerre par de multiples coups d'État et révolutions. Il raconte aussi la désillusion des Allemands de l'Est une fois la prime effervescence de la chute du pouvoir soviétique. Ils ne trouvent pas de compassion et de pitié dans les yeux des ex-RFA mais plutôt une méfiance voire un mépris pour ces "Ossis" dont le passé semble plus ou moins trouble.

Et le héros au nom de torero Juan Belmonte, ex-guérillero défaits et exilé à Hambourg, se retrouve pris dans un chantage le forçant à partir en chasse d'un trésor volé par deux soldats de la Wehrmacht (réfractaires au régime hitlérien) aux nazis qui l'avait eux-même dérobé au musée de Brême. Ce héros caché sous des dehors musclés, incisifs et ironiques une blessure toujours à vif depuis des années. Il observe aussi l'évolution du monde d'un oeil blasé et désillusionné. Il avait fui le Chili de Pinochet et y retourne dans la toute jeune démocratie, constatant les changements et les souvenirs réveillés par ce retour au pays.

La lecture de ce court roman demande une certaine concentration pour ne pas se perdre dans les époques, entre Stasi, sandinistes, le Nicaragua, l'Uruguay, etc. le contexte historique de l'intrigue est très riche. Quant aux divers personnages, ils ne sont pas tout d'une pièce mais forment au contraire des individus cohérents et crédibles.

Une lecture très intéressante et agréable, plus noire que les autres livres de Sepulveda. Mais après tout, la réalité est rarement toute rose.
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C'est un petit bijou, plein d'histoire et d'histoires. Inattendu, une incursion dans un genre qui n'est pas celui de Luis Sepulveda, pas celui qu'on lui connaît. N'en déplaise aux pisse-froids qui attendent encore et toujours la même chose d'un auteur, d'un musicien ou d'un peintre, ce polar, ce roman d'espionnage, cette histoire qui survole plusieurs décennies en moins de 200 pages est un chef-d'oeuvre. Signé Luis, un merveilleux auteur. À lire absolument.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Luis Sepúlveda est exilé à Hambourg (p.25-6)

En arrivant au palier du deuxième étage, je me trouvai nez à nez avec un couple de voisins qui montait, chargé de sacs à provisions. C'étaient des voisins assez particuliers, dont le sport favori était de tout « ottomaniser ». L'homme entretenait une correspondance régulière avec le gérant, et ses lettres dénonçaient le moindre de mes faits et gestes comme une coutume turque insupportable. Si j'écoutais des tangos en sourdine, il se plaignait de mes liturgies musulmanes, et si je mettais un disque de salsa, ses réclamations mettaient en cause la moralité douteuse d'un Turc qui vivait sans femme connue. Je leur souhaitai une bonne après-midi, sans le moindre intérêt pour la réalisation de mon souhait. (p.25-6)
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Un homme peut résister à la douleur. L'étonnant mécanisme du cerveau offre des recoins, des régions de vide absolu dans lesquels il est possible de se cacher, et il reste toujours l'option finale de sombrer dans la folie.
Mais ces deux possibilités de supporter la douleur supposent que l'on croit en - quelque chose - et que l'on voie, que l'on sente qu'en gardant le silence ce - quelque chose - demeure hors d'atteinte des tortionnaires.
Page 20
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En sortant du bus, je sentis le soleil de midi qui cognait à coups de gourdin. Il n'y avait pas un seul nuage ni le moindre souffle d'air. Les rues offraient la blancheur immaculées de leurs maisons ornées de mes plantes préférées : les humbles et résistants géraniums.
Les rues étaient vides, et je savais que c'était normal à l'heure de la canicule. D'une maison s'échappait le son d'une radio et je marchai au hasard entre les murs blancs jusqu'à la fontaine.
Un mince filet d'eau coulait d'un tuyau, troublant paisiblement la surface du bassin. Je bus dans mes mains de cette eau pure et froide, réconfortante et à la saveur de pierre, qui descendait des montagnes à la rencontre des assoiffés...
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Peut-être que ce flic avait fait une partie de sa carrière dans ces prisons qui n'ont jamais existé ou dont il est impossible de se rappeler l'emplacement, et qu'il y avait interrogé des femmes, des vieillards, des adultes et des enfants qui n'ont jamais été arrêtés et dont il est impossible de se rappeler les visages, puisque, quand la démocratie a ouvert ses cuisses au Chili, elle a d'abord annoncé le prix et que la monnaie dans laquelle elle s'est fait payer s'appelle oubli (p. 141).
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Alors on va trouver le traînard, celui qui ne se distingue pas au premier rang et qui, à la fin de la bataille, enfonce son épée dans un cheval mort pour montrer qu'il y a du sang dessus. Confie-moi tes problèmes lui dit l'officier. Oublions les grades. Parlons d'homme à homme. Et l'autre se déballonne, il dévoile ses côtés faibles à l'officier qui fait semblant d'écouter leur énumération. Sans le savoir, il passe un examen. A la fin, toutes les preuves de bon sens qu'il a pu donner dûment transformées en pêchés, il reçoit l'offre généreuse de se racheter, de se réhabiliter par la pénitence, laquelle consiste en un pèlerinage derrière les lignes ennemies. Il est recommandé de choisir les volontaires parmi les moins doués pour l'action héroïque, ceux qui ont été les plus touchés par les effets de la guerre dans la société civile.
Une belle ordure, ce Clausewitz.

(page 52)
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