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Critique de marina53


Le bonhomme en impose avec son mètre quatre-vingt douze et son quintal. Recouvreur de dettes, Ludovic intimide aussitôt. Ancien agriculteur qui a quitté la ferme familiale de la vallée du Célé, il y a deux ans, l'homme est aujourd'hui installé à Paris. de par son travail, il sillonne la banlieue et croise aussi bien des résignés que des tocards ou des insouciants. le soir, il rentre tranquillement dans son petit deux-pièces qui donne sur une cour et un immeuble plus chic habité par des bobos. L'on se croise subrepticement dans cette cour, le bonjour-bonsoir à peine murmuré que chacun rentre chez lui. de l'autre côté, justement, habite Aurore, jeune styliste parisienne, mariée à un homme d'affaires américain et mère de jumeaux. Un soir, elle rencontre Ludovic, la tête dans les buissons, occupé à récupérer les chats de la voisine. Une rencontre pour le moins inamicale tant ces deux-là ne se ressemblent pas. C'était sans compter sur les maudits corbeaux qui ont élu domicile dans la cour. Des volatiles que la jeune femme déteste mais dont Ludovic saura s'occuper définitivement et passera ainsi, aux yeux d'Aurore, pour un preux chevalier...


Serge Joncour n'a pas son pareil pour décrire avec finesse et justesse les rapports humains et la vie contemporaine. Dans ce roman, l'on fait la connaissance d'Aurore et Ludovic, tous deux la quarantaine mais que tout semble opposer. Lui, un ancien agriculteur, veuf et sans enfant, imposant, d'apparence rustre, un peu solitaire dans cette ville immense. Elle, épouse et mère, citadine et parisienne jusqu'au bout des ongles, raffinée, élégante. Deux êtres dont la rencontre fera des étincelles. Deux êtres fragilisés qui se jaugent et se jugent, Serge Joncour oscillant de l'un à l'autre dans des chapitres assez courts. Des êtres à qui l'on s'attache aussitôt et que l'on quitte avec regret. Ce roman ne se résume pas à cette rencontre ni à la dérive de ces deux-là puisque l'auteur, fin observateur de notre quotidien, dépeint remarquablement une société en perte de repères et regrette l'anonymat des villes ou encore l'importance de l'apparence, s'attardant aussi bien sur le monde de la mode que de l'agriculture. Un roman intelligent, émouvant, profond et d'une grande finesse servie par une plume élégante et sensible.
Tout simplement beau...
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