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Critique de Sachenka


Abdelhak Serhane retourne (et nous ramène) dans son village natal d'Azrou après plusieurs années d'exil. Les lecteurs de son roman précédent « Messaouda » reconnaitront facilement les lieux et les gens. C'est comme si la ville était restée intacte toutes ces années… ou presque. Maintenant, dans « Les enfants des rues », le narrateur retrouve sa famille, puis recherche son ami d'enfance Rahou. le roman est comme une longue lettre qui lui est envoyée.

D'abord, plein de souvenirs font surface. Et un peu de nostalgie, car mêmes les moments les plus durs se déguisent en « bon vieux temps ». Ces rues étroites, celles qui l'ont vu grandir, celles qui ont été témoins des amitiés nouvelles qu'il forgeait, elles n'ont pas changé. Quelques personnages sont toujours là, dont le fameur Fakir, qui se plait à remémorer à qui veut l'entendre cette époque révolue. (Ce roman raconte plus en détails certains événements du roman précédent qui étaient évoqués mais pas complètement expliqué.) Quand on y pense, on commence à se rappeler : pauvreté, traditions, religion, sexualité…

Puis la réalité frappe de plein fouet : chômage – la prospérité promise n'est pas au rendez-vous –, éducation insuffisante, répression policière, corruption. Les problèmes d'antan, de l'époque de l'indépendance, sont encore très présents au milieu des années 1990. « Les enfants des rues étroites » dénonce un peu cette situation sans issue dont les jeunes Marocains semblent être prisonniers.

Donc, il s'agit d'un roman engagé ? Il faut le croire. Dans « Messaouda », même si l'auteur racontait des situations difficiles dans un langage parfois dur, la magie d'un roman d'apprentissage restait présente. Mais son style a décidément évolué, maintenant, je le trouve plus acerbe, percutant, voire décapant, presque violent. Abdelhak Serhane me semble de plus en plus la voix d'une génération désabusée. Et ce n'est pas du tout une mauvaise chose.
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