AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Mes très vifs remerciements aux éditions du Seuil ainsi qu'à Babelio pour la réception de cet ouvrage, me faisant connaître cette auteure americano-zambienne....

Une fresque historique et familiale courant sur 4 générations et trois familles distinctes...je ne rentrerai pas trop dans les détails, car je craindrais de rendre ce billet aussi rébarbatif que confus...

Dans les grandes lignes, nous suivons en effet une " véritable Odyssée en Zambie" entre les différents récits de vies des grand-mères, des mères des enfants et petits-enfants, avec une majorité de portraits et parcours féminins, nous faisant voyager sur plus de 80 ans, de 1939 à 2019....

Nous débutons le roman avec un photographe britannique, nous alléchant avec ses descriptions des Chutes Victoria...site à couper le souffle, narrant aussi la venue d'expatriés en Zambie, avec l' impatience de la construction du chemin de fer , prévue....Ce premier narrateur, britannique, en tant que citoyen du pays colonisateur, n'est pas exempt de condescendance envers les autochtones !

Puis suivront

-Sibilla, (1939), femme italienne atteinte d'hirsutisme épousant un Zambien...Les deux menant une vie sociale agitée et frivole...

- Agnes (1962), une grande joueuse de tennis, d'origine britannique,devenue aveugle, épousant malgré le rejet des familles,Ronald, un Zambien...pour qui, se marier à une Blanche, concourt à une des marches de l'échelle sociale, à gravir...

Matha, première grand-mère ayant été instruite jeune, devenue la première astronaute zambienne...Cette dernière, marquée par la mort tragique de sa mère, après 4 années de prison, pour contestation politique...décida qu'elle se battra de toutes ses forces pour son pays, la Zambie, comme sa mère, et en sa mémoire...Malheureusement, son parcours sera stoppé par une grossesse accidentelle et l'abandon du père. Matha, désorientée, démunie va donner naissance à une petite fille, Sylvia...dont elle n'arrivera pas à s'occuper...Depuis cette brisure de vie, elle passe ses journées, ses nuits à pleurer.Elle ira de Charybde en Scilla...

Nous allons suivre ensuite la vie des enfants et petits-enfants de ces femmes...

Au fil des récits de ces existences individuelles....l' histoire, les coutumes, la vie quotidienne, les multiples soubresauts politiques de la Zambie nous sont relatés : les méfaits terribles de la colonisation britannique,la guerre, la corruption, les barrières raciales, le racisme violent des Blancs, les abus envers les pauvres et les plus faibles, dont les premiers sont les femmes...les abondantes interdictions de faire, de s'instruire, d'exercer un métier de son choix pour les Noirs, et doublement pour les femmes noires....sans oublier les conflits dans la population , entre les autochtones, provoqués par les colonisateurs...


La proclamation de l'Indépendance de la Zambie... fera bouger quelque peu les lignes mais si peu

I y aura les droits de se marier et de voter pour les Zambiens et Zambiennes...Cependant, dans son ensemble, le pays au vu de la pauvreté, des puissances extérieures...reste chaotique, avec une population survivant comme elle peut ...

"Mais après, nous leur avons apporté notre " Dieu" et nos " moeurs civilisées ".C'est une abomination, ce que nous avons fait aux "ascari", les forcer à se battre contre leurs propres frères....
- Les " ascari" ?
' Les soldats noirs, murmura- t-il.La guerre est un cauchemar, Sibila, dit-il en regardant la fenêtre d'un air solennel. C'est une maladie, quelle que soit la couleur de la main qui tient l'arme."



Il est à remarquer que l'existence des filles
...reste tout sauf un long fleuve tranquille, que l'instruction reste trop faible pour les petites filles...dont un certain nombre tombe dans la prostitution...

Les jeunes filles, souvent délaissées par les mères ou les familles, doivent se débrouiller très jeunes pour " survivre"
tant bien que mal !
On aurait tellement aimé vivre avec ces femmes et leurs rejetons, une véritable " révolution " ou du moins évolution sociale, éducative , une meilleure vie, quoi...!
Ces femmes courageuses restent dans une sorte de spirale stérile où le moyen le plus fréquent reste la seule "débrouille"...

"Agnès----1962

Des drapeaux de l' Indépendance vert gazon avaient surgi dans toute la ville. Les ouvriers s'attaquaient aux armoiries fabuleuses de la Couronne britannique placées sur le fronton de la Haute Cour- un lion et une licorne- pour les remplacer par des armoiries zambiennes plus réalistes, représentant un homme et une femme de part et d'autre d'un bouclier orné de lignes blanches ondulées sur un champ noir, surmonté d'une pioche et d'une houe croisées. (...)
Il n'était pas dans la nature de Grace d'être joyeuse.Mais elle ne s'était jamais sentie aussi fière d'être africaine- non, zambienne, ce mot qui était sur toute les lèvres. "

Ces récits de vies, foisonnants...qui, toutefois, en dépit de l' Indépendance, piétinent, évoluent à petits pas..

D' un autre côté, on ne peut être que très impressionné par la masse d'informations et de documentation, nous apprenant mille choses sur la Zambie...son histoire, ses rapports au monde...

Toutefois je me suis essoufflée dans ma lecture, entre des longueurs et les nombreux mots non traduits, qui offrent certes, une couleur locale mais gênent quelque peu ....
Je regrette d'avouer être complètement passée à côté de cette lecture, pour laquelle j'ai persisté, sans grand succès !

Une fresque humaine et historique d'une envergure impressionnante ...pour laquelle je n'ai pas dû être la " bonne lectrice "....suffisamment patiente et immergée dans le sujet.

Les lignes ci-dessus ne sont qu'un avis des plus personnels ,subjectifs, donc partiaux...

Deux éléments au demeurant mineurs, qui ont toutefois leur importance: une couverture fort réussie, explosant de couleurs comme l'est cette vaste Odyssée zambienne...ainsi qu'une émotion particulière, en parcourant la liste très abondante de remerciements de l'auteure, pour tous ceux l'ayant aidée et soutenue...comme cela se fait...avec un remerciement final, poignant à sa maman :"Ma mère , Namposya Nampanya- Sepell ( 1950-2016) qui a su avant moi qui je suis et n'a jamais cessé de croire.Mama, ce livre est pour toi, qu'il t'apporte la joie.Ce n'est pas l'histoire de l'invention de l'alphabet, mais au moins, il commence par un Z."

Une note finale magnifique, suggérant une relation exceptionnelle entre une mère et une fille talentueuse, prometteuse...qui nous fait un peu oublier les très fréquentes défaillances maternelles des personnages féminins décrits dans cette "Odyssée "zambienne !!
Mais aussi un hommage vibrant au pays, aux racines maternelles..!



Commenter  J’apprécie          410



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}