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Critique de Bruidelo


«Lorsqu'on devient le sujet d'un pays qui a perdu son indépendance, on ne sait plus comment se comporter, on ne sait plus que penser.»

Au début du roman, c'est avec satisfaction que le vieux Qi regarde sa vie: sa famille n'a fait que croître, préservée des deuils, et les voilà quatre générations sous un même toit. Il se sent un peu semblable à l'un des vieux arbres de la cour, dont toutes les branches ont déjà donné nombre de fleurs et de feuilles, et il aspire à jouir d'une existence paisible débarrassée des soucis matériels.
Mais nous sommes en 1937, Pékin tombe entre les mains des Japonais et l'occupation de la ville par une puissance étrangère va bouleverser la vie quotidienne du vieil homme et de ceux qui l'entourent.
L'occupation vient sinistrement perturber le jeu social; la risible comédie de moeurs que Lao She prend visiblement plaisir à représenter, avec notamment sa peinture du ridicule des arrivistes sans scrupules, peut virer à la tragédie quand ils se transforment en collabos, délateurs. Elle divise la société chinoise, la ruelle où vit le vieux monsieur Qi, sa famille, entre ceux qui partent se battre, ceux qui subissent, avec plus ou moins de petites résistances quand ils le peuvent, et ceux qui collaborent. Elle place son petit fils, Ruixan, devant des dilemmes douloureux: il voudrait quitter Pékin, aller se battre contre ceux qui envahissent son pays, mais il doit assurer la subsistance, voir le bien-être de quatre générations sous le même toit, et il ne veut pas se compromettre avec l'envahisseur... Elle nous rend cet univers pékinois beaucoup plus proche que ce à quoi on s'attend lorsqu'on ouvre un roman asiatique tant les préoccupations des Chinois sous occupation japonaise peuvent parfois nous faire penser à ce qu'on a pu lire sur les Français pendant l'occupation allemande.
Un roman qui m'a bien intéressé, très instructif sur une réalité historique que je connais mal, sur la vie à Pékin en 1937, dans une ruelle offrant une diversité sociale que Lao She évoque avec talent.
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