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Critique de traversay


Ils sont cinq personnages à occuper tour à tour ou simultanément l'espace de J'ai vu un homme. Michael, écrivain, vient de perdre Caroline, la femme qu'il aimait, lors d'une attaque d'un missile venu d'un drone téléguidé par Daniel, in ancien pilote qui ne vole plus que de façon virtuelle à partir d'une base du Nevada. Michael, après sa perte, a déménagé à Londres où il devient inséparable d'un couple formé par Josh et Samantha, parents de deux adorables petites filles. Ce point de départ est suffisant pour qui veut entrer dans le roman avec quelques informations. Il y en a une autre, cruciale, hélas maladroitement révélée dans la quatrième de couverture, qui est le point névralgique du récit. Le gallois Owen Sheers prend son temps pour décrire les états d'âme de ce quintet (Daniel est un peu à part et négligé par la narration) qui va devoir affronter un deuil insupportable. Rarement un roman a t-il fouillé aussi en profondeur la psychologie de ses protagonistes, conférant au livre un rythme lent, hypnotique, où les remords se mêlent à la culpabilité avec l'espoir d'une résilience qui passe par les autres. La force de J'ai vu un homme se trouve dans la complexité de ses personnages, victimes et bourreaux, même contre leur volonté. Le livre se propage comme une maladie sur le sale air de la peur, des mensonges qui vous rongent, des regrets qui vous absorbent. C'est un thriller quasi statique, avec de longs arrêts sur image, hanté par la vision de la mort, son caractère injuste et brutal. En filigrane, Owen Sheers évoque les affres de la création, la mondialisation et ses traumatismes collatéraux, la récession financière et ses dégâts humains. Le livre est celui de la crise de l'homme moderne, de plus en plus armé, technologiquement parlant et de moins en moins capable de faire face aux aléas les plus dramatiques de la vie. Avec quelques langueurs monotones en moins, ce roman aurait été un chef d'oeuvre.
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