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Critique de svecs


svecs
09 décembre 2015
Le strip représente une forme particulièrement contraignante dans la bande dessinée, la contrainte principale concernant l'extrème brièveté de l'action. le secret d'un bon strip repose sur la capacité qu'aura l'auteur à apporter une dimension supplémentaire aux saynettes qu'il met en scène. Parmi les maîtres absolus du genre, on retrouve évidemment Charles M Schultz, dont les Peanuts, sous une apparente simplicité, recèlent une profondeur, voire une gravité étonnante. Comment ignorer l'imaginaire délirant de Watterson, qui fit de Calvin & Hobbes un phénomène. On pourrait encore citer le travail de Jules Feiffer (The Explainers) ou Quino (Mafalda). Mais, le plus souvent, hormis une proximité qui doit avant tout à sa forme très particulière de consommation (le rituel de la lecture du journal), les strips évitent difficilement l'écueil de la redite, déclinaison infinie d'ingrédients connus et reconnus.
Ben fait partie de ces bandes. le schéma est simplissime: la vie quotidienne de Ben et sa femme, Olivia, retraités canadiens. Autour d'eux; des personnages récurrents, essentiellement leur fille Linda, son mari Nathan et leur petit garçon Nicolas, et quelques personnages secondaires, dont l'un ou l'autre plus absurde (mademoiselle Gredine, la bibliothéquaire amoureuse de Ben). Et des situations balisées, régulièrement ré-employées: Ben le pantouflard se heurte aux envies d'Olivia, Ben garde Nicolas qui fait des bêtises, Ben joue au Père Noël au centre commercial, Ben joue au golf...
L'ensemble n'est pas désagréable. il y a même quelques bandes assez amusantes. Mais tout apparaît infiniment formaté. Les intercations entre les personnages ne se modifient pas d'un iota. Leur environnement ne changent qu'en fonction des saisons. A vrai dire, il est même impossible de situer cette série dans le temps. L'ensemble dégage un parfum d'intemporalité assez étrange. On pourrait croire que ces saynettes se déroulent en 1950, 1960, 1990, 2000 ou même 2020... Sa description d'une petite vie rangée de retraités, vivant confortablement, mais sans excès est à l'image d'un fantasme de vie idéale pour la classe moyenne. En fait, le seul intérêt de Ben se situe peut-être dans ce qu'il ne montre pas. Cet univers lisse, où rien de grave ne peut arriver, ne répond-il pas à un besoin de se rassurer ? Norman Rockwell représentait les Américains comme ils voulaient être. A son niveau, Ben ne fait pas autre chose. Il offre une vision rassurante de la retraite, et de la société en générale, loin des angoisses du monde réel.
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