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Critique de le_Bison


Ouvrir un roman d'Aki Shimazaki, c'est sentir ce souffle de la passion orientale se lever sur ma nuque. C'est se laisser porter par une berceuse mélancolique pour une histoire courte aux sentiments intenses. Au toucher délicat que j'apporte à tourner chaque page, ses mots se transforment en une caresse gémissante de plaisir. Mon esprit vogue vers des rivages de sensualité. Une grue en origami m'accompagne tout au long de cette lecture. Une grue faite par Aki elle-même. Je l'imagine douce et sereine, pendant cet instant de concentration, faire des animaux en origami me fascine. Dans cet oiseau de papier, il y a toute la grâce de l'auteure et de sa poésie.

« Elle baisse la tête. Je vois sa nuque blanche et les quelques mèches de cheveux tombant dessus. La rondeur de sa poitrine ressort sous sa tunique. Je saisie ses bras. le parfum du savon. Soudain, mon corps frissonne. Je brûle de désir. Elle lève les yeux vers moi. Avant qu'elle ne prononce un mot, je couvre ses lèvres des miennes. »

Tes lèvres contre un silence. Dès que j'ai plongé mon regard dans les premières pages de ce roman, c'est comme si celui-ci plongeait dans le décolleté de Mitsuko. A travers son kimono légèrement ouvert qui laissait entrevoir la pointe de ses seins, je restais hypnotisé par la page, mon esprit s'évadait vers ce monde de sensualité. Frissons de plaisir. le silence accentue cette sensation.

« Dès qu'elle ferme la porte, j'embrasse son visage et sa nuque. Je touche son corps sous sa tunique. Elle ne porte rien dessous. Comme un fou, je caresse ses fesses, son dos, ses seins. Elle guide ma main vers les parties sensibles.
Toujours debout, elle me laisse entrer en elle. En la pénétrant, je pleure presque tant la sensation est exquise. Elle gémit en étouffant sa voix. »

A chaque court chapitre, je gémis de plaisir, besoin de refermer le livre. Actes Sud et sa couverture entre rose et violet. Actes sud et cette abeille butinant une fleur. Acte premier, celui d'ouvrir tes cuisses et de butiner ta fleur. J'aime prendre mon temps, dans ces moments-là, le temps est la seule chose qui me reste et qui défile par moment trop vite, par moment trop lentement. Je respire ton parfum, - une fleur ? chardon ou jasmin -, m'hydrate de ton pollen. Je peux reprendre ma sain(t)e lecture.

« Mitsuko regarde vers le plafond. Sa longue tunique en coton est relevée haut. Allongé sur le côté, je glisse ma main sur ses jambes soyeuses. Elle ferme les yeux.
Ce soir aussi, dès que je suis entré ici, je l'ai embrassée, comme un fou, sur le visage et la nuque. J'ai caressé ses jambes et ses fesses. Elle ne portait rien sous sa tunique. Mon corps brûlait. »

Mon corps brûlait de désir à chaque phrase, couchée là sur le papier, comme un papillon qui virevolte sous mes yeux ou une sirène qui s'allonge sur un banc de sable. Je ferme les yeux, je la vois. Elle, brune aux longues jambes. Rien dessous. Je n'en peux plus de cette attente. Se lever alors au milieu de la nuit, sombre et fraîche, blue moon, pour replonger dans ce bonheur éphémère, cet instantané de jouissance littéraire dans une lande couverte de fleurs de chardon, - ça me change de mes plaines poussiéreuses. le silence est toujours présent, une musique qui m'enveloppe, des mots qui me caressent, une sève qui coule. Azami.
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