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Critique de glegat


glegat
06 décembre 2022
Après une courte pause au cours de laquelle je me suis un peu changé les idées avec « Le grand livre des animaux de l'extrême » de Sophie Blitman, j'ai repris la lecture du « Troisième Reich » avec le tome 2 non moins copieux que le premier.

L'auteur poursuit la longue énumération des mensonges d'Hitler et de ses discours pour la paix ! Voici un échantillon d'un discours d'Hitler à l'intention de son peuple à la veille de l'attaque contre la Pologne en 1939 : « Vous connaissez les tentatives sans fin que j'ai entreprises pour arriver à une entente pacifique sur le problème autrichien et plus tard dans le problème des Sudètes, tout cela a été en vain. Aujourd'hui les Polonais rejettent mes propositions je suis donc résolu à employer le même langage que la Pologne depuis des mois vis-à-vis de nous… ». Vient ensuite un mensonge encore plus gros : « La Pologne cette nuit pour la première fois a fait ouvrir le feu par ses soldats réguliers. À partir de maintenant à toute bombe répondra une bombe ». En d'autres termes, Hitler informait son peuple que c'était la Pologne qui avait l'intention d'attaquer l'Allemagne, mais la réalité historique est toute autre, c'est lui qui a organisé une fausse attaque contre le poste allemand de Radio de Gleiwitz. Cette opération fut l'oeuvre de SS qui avaient revêtu pour l'occasion des uniformes polonais ! On voit que le cynisme d'Hitler était sans limites.

Ce deuxième tome décrit la dureté des combats et je dois dire que dans le premier tiers de l'ouvrage j'étais peu captivé par le détail des batailles. J'étais beaucoup plus intéressé par les relations entre les différents leaders nazis avec Hitler ainsi que le comportement de Mussolini. L'auteur s'appuie sur une documentation précise, reproduit les dialogues des réunions d'État-Major et cite les textes des différents messages échangés entre les protagonistes.

Dans ce deuxième volume, Staline entre en scène et se révèle encore plus cynique qu'Hitler. Il cherche à profiter de la guerre pour conquérir le maximum de territoire pendant qu'Hitler est occupé à l'Ouest. Il signe un pacte de non-agression avec l'Allemagne, ainsi les deux dictateurs se mettent d'accord pour se partager l'Europe. Mais Hitler est insatiable et paranoïaque, il va finir par se retourner contre son allié en déclenchant l'opération « Barberousse » le 18 décembre 1940. Son objectif, après avoir profité de son appui, est d'écraser la Russie Soviétique. Par l'abondance des témoignages et la description précise des évènements, l'auteur nous donne les informations importantes qui permettent de mieux comprendre le déroulement de la Seconde Guerre mondiale.

J'ai trouvé particulièrement intéressante la partie du livre qui explique les différentes tentatives de renversement du pouvoir dues à l'initiative des membres de l'État-Major d'Hitler ainsi que les nombreuses tentatives d'assassinats dont une seule, celle de juillet 1944 faillit réussir. Si l'ensemble du peuple allemand suivait aveuglément son Führer, un certain nombre d'entre eux, en particulier des militaires hauts-gradés avaient compris le danger que représentait Hitler pour l'Allemagne. D'une certaine manière c'est grâce à sa folie, son obstination maladive et la crainte qu'il inspirait autour de lui qu'Hitler a pu se maintenir si longtemps au pouvoir. Rien ne pouvait le détourner de ces objectifs funestes, la réalité n'avait aucune emprise sur lui.

Malgré la prise de conscience de certains membres de son entourage, et par un phénomène d'hypnotisme qui défie toute explication Hitler conserva jusqu'à la fin la fidélité et la confiance des Allemands. Ceux-ci le suivirent aveuglément, comme des moutons jusque dans le précipice ou s'engouffra la nation. En témoigne le suicide collectif de Goebels, de sa femme qui empoisonna leurs six enfants âgés de 3 à 12 ans le lendemain du suicide d'Hitler dans son Bunker.

L'auteur est journaliste, son récit est factuel, il ne laisse que très peu souvent apparaître son sentiment d'horreur sur toute cette période, mais les faits parlent d'eux-mêmes, il était inutile de rajouter quoi que ce soit de personnel.

La fin d'Hitler est à l'image de sa vie consacrée à la destruction. Comprenant que tout était perdu il avait donné l'ordre de détruire toutes les infrastructures allemandes Ponts, chemin de fer, Usines, dépôt de matière première, afin de ne rien laisser aux troupes alliées et aussi pour punir son peuple ! Heureusement il ne fut que partiellement obéi.

Dans son testament politique rédigé la veille de son suicide Hitler démontre qu'il n'a tiré aucun enseignement du désastre qu'il a provoqué, il persiste et signe en rejetant toute la responsabilité sur les juifs : « Avant tout, je recommande au gouvernement et au peuple de garder en vigueur les lois raciales et de résister impitoyablement à cet empoisonneur de toutes les nations qu'est le juif ».

Avant de lire ce livre, j'avais des connaissances sur le régime nazi et sur la Deuxième Guerre mondiale, mais elles étaient construites sur des lectures éparses et sur des films documentaires. le fait de m'immerger pendant une quinzaine de jours dans la lecture d'un livre très documenté et de suivre au jour le jour l'évolution de tous ces évènements dramatiques a considérablement renforcé mon idée selon laquelle l'histoire peut se répéter. Les mécanismes qui ont déclenché l'horreur du régime nazi sont toujours présents quelque part dans le monde, sous des formes à peine différentes. Il me semble toutefois qu'un tel cataclysme ne peut pas se reproduire avec la même ampleur, il faut pour cela que les institutions internationales et l'union des peuples démocratiques fassent entendre leur voix avec fermeté.

Ce qui doit nous alerter tient en quatre points :

1 - la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme autour duquel gravitent un petit groupe de pseudos élites.
2 - L'utilisation du mensonge comme une arme
3 - le déni de la réalité
4 - Un idéologie basée sur la supériorité d'une race, d'un peuple ou d'une culture sur tous les autres.

— « Le Troisième Reich » tome 2, William L. Shirer Stock, le livre de poche (1970), 727 pages.
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