Une fois de plus séduite par le roman de
Lionel Shriver, qui rejoint inexorablement le podium de mes auteurs américains préférés.
La narratrice est une femme de la middle class, qui a monté sa propre entreprise avec succès, souffre d'un léger embonpoint qui, s'il occupe une partie de ses réflexions quotidiennes ne motive pas la mise en place de mesures efficaces pour le combattre.
Lorsque son frère la contacte, visiblement mal dans sa peau, elle n'hésite pas à lui proposer de l'héberger chez elle, c'est à dire avec son mari et les deux enfants de celui-ci. Comment aurait-elle pu imaginer que l'homme qu'elle attendait à l'aéroport était celui dont elle venait d'entendre la critique acerbe par d'autres passagers, envers cet homme obèse qui a incommodé ses compagnons de vol? Edison a triplé de volume. Oeuf ou poule, cause ou conséquence , avec les kilos qui se sont accumulés, le succès de sa carrière de jazzmen n'est plus qu'un lointain souvenir.
C'est le début des enquiquinements, la cohabitation est complexe, particulièrement avec Fletcher, le mari, qui se conduit comme un ascète de la diététique. Tout est conflictuel, des détails triviaux aux incompatibilités étiques. C'est pour Pandora le moment de prendre une décision radicale.
Portrait sans concession d'une Amérique qui s'éloigne à grands pas de son rêve, au delà du problème l'obésité,
Lionel Shriver analyse avec subtilité ce qui fait la complexité du vivre ensemble, en couple, en famille, en société dans un milieu où les codes sont de plus en plus restrictifs.
L'entreprise qu'a fondée Pandora est à elle-seule une bonne idée pour le scénario du roman : elle fabrique des marionnettes caricaturales qui peuvent restituer des expressions de la victime, de ces phrases toutes faites qui finalement nous définissent et nous identifient.
Le roman est agréable à lire du fait du rythme enlevé, de l'humour qui malgré tout tire son épingle du jeu de ce récit dramatique
Encore un vrai bonheur de lecture.
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