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3,62

sur 293 notes
Une fois de plus séduite par le roman de Lionel Shriver, qui rejoint inexorablement le podium de mes auteurs américains préférés.

La narratrice est une femme de la middle class, qui a monté sa propre entreprise avec succès, souffre d'un léger embonpoint qui, s'il occupe une partie de ses réflexions quotidiennes ne motive pas la mise en place de mesures efficaces pour le combattre.

Lorsque son frère la contacte, visiblement mal dans sa peau, elle n'hésite pas à lui proposer de l'héberger chez elle, c'est à dire avec son mari et les deux enfants de celui-ci. Comment aurait-elle pu imaginer que l'homme qu'elle attendait à l'aéroport était celui dont elle venait d'entendre la critique acerbe par d'autres passagers, envers cet homme obèse qui a incommodé ses compagnons de vol? Edison a triplé de volume. Oeuf ou poule, cause ou conséquence , avec les kilos qui se sont accumulés, le succès de sa carrière de jazzmen n'est plus qu'un lointain souvenir.

C'est le début des enquiquinements, la cohabitation est complexe, particulièrement avec Fletcher, le mari, qui se conduit comme un ascète de la diététique. Tout est conflictuel, des détails triviaux aux incompatibilités étiques. C'est pour Pandora le moment de prendre une décision radicale.

Portrait sans concession d'une Amérique qui s'éloigne à grands pas de son rêve, au delà du problème l'obésité, Lionel Shriver analyse avec subtilité ce qui fait la complexité du vivre ensemble, en couple, en famille, en société dans un milieu où les codes sont de plus en plus restrictifs.

L'entreprise qu'a fondée Pandora est à elle-seule une bonne idée pour le scénario du roman : elle fabrique des marionnettes caricaturales qui peuvent restituer des expressions de la victime, de ces phrases toutes faites qui finalement nous définissent et nous identifient.

Le roman est agréable à lire du fait du rythme enlevé, de l'humour qui malgré tout tire son épingle du jeu de ce récit dramatique


Encore un vrai bonheur de lecture.
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« Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore ».

Cette histoire parle de faim.
Mais quelle faim ? La recherche d'aliments permettant de nous nourrir, de nous rassasier ? Ou le recherche de sens à sa vie ?
Qui n'a pas de projet est malheureux. Qui a atteint son objectif n'est peut-être pas aussi heureux qu'on pourrait le penser.

Cette histoire parle de culpabilité.
Jusqu'où peut-on laisser ceux qu'on aime s'enfoncer dans la dèche, dans le dégoût de soi, sans interférer dans leur histoire personnelle et sans soi-même laisser tomber sa propre histoire.

Cette histoire parle d'éducation.
« Il est effarant de constater le nombre de jeunes gens prometteurs qui se prennent pour des génies en attente d'être découverts, et il peut être désastreux de voir valider cette estime de soi injustifiée dans l'antichambre de sa vie d'adulte ».
Comment agir face à un jeune qui rue dans les brancards, qui veut quitter l'école, quitter ce système à diplômes? Faut-il l'encourager à suivre son rêve d'indépendance et de gloire ou le guider fermement dans la voie classique ? Faut-il « anticiper sa déception », puisque très souvent, un jeune sans balises errera ?

Cette histoire parle de célébrité, ou du désir de célébrité. Des paillettes de la gloire éphémère. du profond désir d'être aimé par le plus grand nombre, d'être adulé. Et puis du gouffre qui s'ensuit lorsque l'engouement s'est détourné.

Cette histoire parle d'apparence physique et de son corollaire : les régimes.
Comment l'obèse est-il considéré dans notre société ? le physique, une fois qu'il est hors norme, provoque une curiosité morbide et même le rejet.
Comment peut-on prendre le pouvoir sur son corps en s'affamant ou simplement en étant obsédé par l'alimentation saine ?

Cette histoire parle de fraternité. de famille. de cette difficile alchimie sans laquelle on ne peut vivre. Famille, belle-famille, enfance, souvenirs d'enfance. Famille qui pèse et qui soulève.

« Big Brother », c'est tout cela. La narratrice, la quarantaine, mariée depuis 7 ans à un homme très dans le contrôle de soi et père de deux adolescents, est une femme comme il y en a tant, enfin, qui se voudrait telle. Et pourtant elle a réussi professionnellement, presque par hasard.
Et pourtant, son enfance a été spéciale, dans le sens où son père a été un scénariste et acteur de seconde zone, reconnu pendant quelques années. Son frère, son idole de toujours, est parti vivre sa vie à 17 ans, et quand elle le revoit, des années après, il est devenu...gros. Immensément gros.
Et il s'installe chez eux, pour quelques semaines.
Et l'histoire commence. Qui parle de faim, de culpabilité, d'éducation, de célébrité, d'apparence physique, de fraternité. de famille.

Merci à Canel de m'avoir proposé « Big Brother ». J'ai souri beaucoup au début, j'ai grincé des dents aussi, mais j'ai croqué avec appétit la narration savoureuse de Lionel Shriver.
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Pandora a ouvert de façon assez aléatoire une boîte (:)) et cela a marché . Dans l'Iowa, elle rencontre le succès , elle qui n'y était pas prédestinée.
Pour son frère par contre, lui qui a connu la gloire en tant que pianiste de jazz, les choses semblent moins bien se passer. et quand il débarque dans la famille de sa soeur , il a au moins doublé de volume.
Fletcher, l'homme de Pandora qui en est presque à sucer des cailloux pour se nourrir, voit cette arrivée avec le même enthousiasme qu'un Tchétchène qui croise Vlad'

Quel livre surprenant ! J'ai adoré puis trouvé cela absurde et irréalisable .Et puis, comme beaucoup sans doute, je suis tombé dans le panneau que l'auteur a bien voulu dresser devant moi.

Alors, je suis sorti un peu groggy et ne sachant trop quoi penser.
L'auteur a incontestablement du talent . Certaines de ses tournures font mouches , les personnages sont bien posés. Aux antipodes les uns des autres, ils dressent l'image d'une Amérique qui se cherche, qui se complet entre obésité et show bizz, réussite sociale et rêve utopiste.
Il y a quelques longueurs sans que ce soit trop pesant et au final , je crois pouvoir affirmer que ce livre laissera une trace, ténue certes , mais une trace quand même . N'est ce pas l'essence d'une lecture ?
Sans aucun doute, je serai amené à me tourner à nouveau vers cette écrivaine qui a choisi un prénom masculin car "la vie est plus simple pour les hommes".
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Troisième de ma liste de prérentrée sur les 5 romans les plus attendus de la rentrée littéraire (ne reste plus que le Fils de Philip Meyer et Peine Perdue d'Olivier Adam, deux pavés en perspective), "Big Brother" signait en cette rentrée littéraire le grand retour de Lionel Shriver, pour ce qu'on annonçait comme son meilleur livre depuis le génial "Il faut qu'on parle de Kevin" dont je me suis toujours pas remis près de 10 ans après sa parution (mais ses précédents romans ne sont pas mal du tout non plus notamment la Double Vie d'Irina).

Au vu du résumé de l'histoire, forcément, je jubilais de retrouver l'esprit de provocation et son humour au vitriol, pour parler de la famille, du mariage, mais aussi, et surtout, de l'obésité et du rapport complexe et quasi-obsessionnel que nous entretenons avec la nourriture sur notre lien à la nourriture (un problème contemporain qu'ont les occidentaux face à la nourriture (manger pour se remplir et non par faim), et à ses effets colatéraux sur la vie de couple et autant le dire de suite, je n'ai pas été déçu par cet excellent moment de lecture.

Ce qui est réjouissant dans Big Brother, c'est de se rendre très vite compte que Lionel Shriver ne va pas nous decevoir dans les attentes qu'on avait placées en elle au vu de ses précédents romans : plus que jamais, la romancière américaine sait doser sa plume dans le fiel et l'acuité pyschologique, afin de parvenir à trouver ce mélange qui n'appartient qu'à elle à dresser des portraits psychologiques particulièrement fins et justes sur chacun des personnages avec des situations très réalistes et très cinglants sur un sujet qui dérange. A ce niveau là, son talent n'a aucun égal, à part peut-être Laura Kasischke dans un registre plus réaliste, moins fantastique.

Assurément, Big Brother ne plaira pas à tout le monde, car sa réflexion sur la société d'abondance et sur les limites du dévouement pour autrui n'est pas vraiment des plus consensuelles et des plus aimables et pourrait géner des personnes qui ne partagent pas forcément la vision particulièrement cinglante de l'auteur sur le sujet.

Mais aussi dérangeant soit il, Big Brother reste un excellent livre qui soulève beaucoup de questions, avec autant de passion que d'intelligence, parfait alliage entre satire et tragédie, noirceur et drôlerie.

Et un roman où l'on ne cesse d'éprouver des sentiments changeants pour les personnages, tant ceux ci ont de l'épaisseur psychologique.

Et si le retournement de situation (vraiment surprenant) de la fin laisse peu d'espoir sur le coté hypothétique d'un régime éventuel, le livre reste quand même plus subtil qu'une simple charge féroce sur l'obésité. Voilà en tout cas une oeuvre très percutante, qui donne d'irrémédiablement des envies d'en débattre avec d'autres lecteurs dès qu'on a fini la dernière page du roman, ce qui est l'apanage uniquement des grands romans, ce qu'est indubitablement ce Big Brother.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ecrire un roman dont le thème central est l'obésité n'est pas anodin. L'auteur a perdu son propre frère, décédé des suites de son obésité massive.

Pandora, la quarantaine, attend la visite de son frère qu'elle n'a pas vu depuis quatre ans, et dès qu'elle l'aperçoit à l'aéroport, c'est le choc, l'homme qui se dirige vers elle est méconnaissable, c'est un obèse en fauteuil roulant, rien à voir avec le jazzman svelte dont elle avait le souvenir.
Comment réagir, faire comme si tout était normal, aborder le sujet directement, nier l'évidence, lui proposer de l'aide, accepter ce frère pour ce qu'il est devenu ?

Le thème du surpoids est central mais le roman parle aussi des relations familiales, des relations de couple, des relations entre frères et soeurs, entre parents et enfants, des innombrables non-dits entre les membres d'une famille même soudée, du poids énorme de la culpabilité, de notre rapport à la nourriture, des régimes, du mal-être de ceux qui nous sont chers mais qu'on ne peut pas aider contre leur volonté.

Manger peut être un plaisir mais aussi une source profonde de malaise, la solution pour combler un manque, un vide, une manière de faire face à une douleur, le moyen pour certain de ne pas sombrer dans une autre forme de dépendance, cela peut aussi devenir une façon de contrôler son corps et sa vie...

J'ai été un peu frustrée que l'histoire soit écrite du point de vue de Pandora et que les émotions et ressentis du frère, le principal concerné, soit un peu mise en arrière plan, mais je comprends le parti pris de l'auteur, qui a dû écrire ce roman afin d'aborder un sujet qui était particulièrement douloureux pour elle.

Les sujets abordés sont sacrément intéressants mais malheureusement le roman n'est pas porteur de beaucoup d'espoir et je l'ai refermé avec une vraie boule dans le ventre car il nous laisse avec des questions à la pelle mais pas de réponse immédiate et surtout avec des interrogations personnelles qui peuvent être assez dérangeantes.
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Pandora n'a pas vu son frère aîné depuis quatre ans. Pianiste de jazz à New York, Edison semble traverser une mauvaise passe, après avoir « côtoyé de grosses pointures » et frôlé la gloire. Pandora accepte de l'héberger dans l'Iowa, malgré la réticence de son mari et des enfants adolescents de celui-ci. La surprise est de taille lorsqu'elle le retrouve à l'aéroport : il est passé de 75 à 175 kgs.
La cohabitation s'avère vite difficile. Edison est bouffeur compulsif, pas très propre ni soigneux. Parfois répugnant, à la fois attachant et insupportable, il se comporte comme un gamin mal élevé, irrespectueux envers son beau-frère - qui le lui rend bien. Pauvre Pandora, au milieu de tout ça !

« Voilà un livre qui pèse son poids » estime Delphine Peras (l'Express, 08/2014). Certes, et dans tous les sens du terme : 450 pages bien denses, où chaque mot semble à la fois minutieusement pesé et lourd de sens, où les idées et reparties sont aussi savoureuses que la lecture indigeste.
Il est question d'ambition personnelle, d'image de soi, de poids, de comportement alimentaire, d'addiction. Mais aussi de famille (et de son poids, là encore), de rivalités fraternelles motivantes et/ou destructrices. Lionel Shriver s'appesantit sur tous ces sujets, les décortique, les épluche jusqu'à la moelle, notamment grâce à des échanges très riches entre ses protagonistes - souvent mesurés (frère & soeur), parfois violents (beaux-frères).

Cette lecture est moins éprouvante qu'un des précédents romans de l'auteur 'Il faut qu'on parle de Kevin' (sur les adolescents tueurs). Elle est quand même particulièrement dérangeante, par l'image qu'elle donne du couple, de la famille, des responsabilités parentales, des relations au sein d'une fratrie. Et parce qu'on tourne sans cesse et de plus en plus autour du problème de l'alimentation et de la question plus générale (et vertigineuse) du dépassement de soi et des comportements addictifs :
• « Je me demandais pourquoi tant de personnes s'astreignaient à accomplir quoi que ce soit, alors que le moindre accomplissement s'accompagnait immanquablement de ce triste bilan : 'Bien, et maintenant ?' »
• « Qui sait, peut-être nous est-il impossible de vivre pleinement nos réussites, car nous nous attachons à la quête, à la pulsion, à sa décharge addictive d'amphétamines et à ce sentiment puissant d'avoir un but ? L'accomplissement s'apparente alors à une perte [...] »
• « Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore. »

La pirouette finale m'a d'abord fortement déplu.
Elle offre finalement un recul intéressant et une dimension supplémentaire.

'Big Brother', un grand et gros roman - à la fois génial, long et pesant.
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Quand l'obsession de la nourriture prend le pas sur toute autre priorité, quand elle devient le seul moyen d'appeler au secours quand rien ne va plus dans sa vie, comme une forme de suicide, c'est ce qui arrive à Edison,quadragénaire, prodige de jazz.

À la recherche de la célébrité, il s'est perdu, il a oublié le sens de la vie. Vivre c'est aussi mener une existence avec des moments simples et discrets, il ne faut pas l'oublier, le reste est superficiel, factice.

Ce livre nous oblige à nous poser des questions sur notre société de consommation. On en veut toujours plus et en plus grand; voitures, écrans plats... il y a surabondance de produits alimentaires. On ne connait plus la faim !

Face à une situation d'échec, de solitude, les individus se jettent sur la nourriture, ils se remplissent pour combler un vide. Mais manger au-delà de la faim, n'est pas le remède, les conséquences sont désastreuses, pour l'image que l'on renvoie aux autres et pour la santé de l'individu. C'est contre nature. Pourtant trop manger ne procure aucun plaisir bien au contraire. cela devient une addiction, une obsession.

La soeur d'Edison pourra-t-elle sauver ce frère devenu obèse? Aussi forts que leurs liens puissent l'être, partageant tous les deux la même histoire d'enfance, Edison ne pourra être sauvé que par lui-même s'il le décide.

Ce roman pose aussi la question de l'éducation des enfants dans notre société. À l'heure où tout ou presque est accessible, où on nous montre des jeunes gens dans les émissions de télé réalité qui deviennent célèbres en un clin d'oeil, où des gens s'enrichissent en vendant n'importe quel gadget à la mode, tout semble trop facile. C'est un leurre et nombreux se font prendre au piège et quand ils le réalisent il est parfois trop tard.

C'est ce qui est arrivé à Edison; trop sûr de lui, se servant de la célébrité de son père pour devenir un jazz man dans la cour des grands, il va brûler les étapes et dégringoler les marches.

L'écriture est crue, l'auteure ne nous épargne rien des détails de la vie d'un obèse. Tant mieux si cela peut aider certains à se dégoûter de la nourriture. C'est en tout cas une bonne analyse de notre société, qui a oublié qu'il est normal d'avoir faim, qu'on ne peut pas tout posséder et que c'est cela qui fait le piment de la vie.

Merci à Babélio et aux éditions Belfond pour cet ouvrage. C'est le second livre que je lis de cette auteure; j'avais déjà lu "Il faut qu'on parle de Kévin", autre sujet d'actualité traité d'une façon remarquable. Je vous conseille donc ces deux livres.
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C'est la première fois que je croise la thématique du surpoids en littérature. C'est un phénomène de société délicat qui interpelle et intrigue quand on visite les Etats Unis. Il provoque des réactions mêlées de compassion, d'empathie, de jugement et de répulsion.
Il semble donc légitime et également courageux de construire une fiction autour d'un thème comportemental qui interroge sur nos propres usages alimentaires et l'importance devenue excessive de l'image de soi.

En retrouvant, après quelques années de séparation, un frère atteint d'obésité sévère, Pandora et sa famille sont en état de "stress post traumatique domestique". Une cohabitation qui s'annonce si difficile que le problème pathologique doit être pris à bras le corps, partant du postulat que le déni relève de l'hypocrisie.
En position de coach dans la guerre des calories, Pandora pose l'objectif d'un quintal en un an mais va perdre bien plus que des kilos en accompagnant son big Brother dans un régime effrayant.

En privilégiant souvent l'humour et en décortiquant les comportements psychologiques associés à l'alimentation, Lionel Shriver aborde de nombreux thèmes: le coté pernicieux de la célébrité, la dépression, l'auto destruction, la tolérance, la santé, l'estime de soi.
Elle donne une vision à la fois chaleureuse et ambiguë de la fratrie, entre loyauté, connivence et manipulation.

Une livre insolite et courageux, cruel et dérangeant mais qui, par le twist final, ouvre le débat sur un sujet récurrent de nos sociétés riches et consommatrices à l'excès.




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Passée la sidération de découvrir son frère adoré, jazzman sur le retour à New York, lesté de cent kilos de plus depuis leur dernière rencontre, Pandora décide de le prendre en main et l'accompagner, au risque de mettre en péril son propre équilibre, dans un régime draconien au long cours, aventure dans laquelle elle a elle-même pas mal de lest mental et émotionnel à jeter par-dessus bord. Chose incroyable, et pour cause, le défi semble être relevé…

Une très belle histoire fantasmée d'amour fraternel, une peinture féroce des impasses de l'Amérique consumériste – dont l'obésité morbide est ici le marqueur le plus flagrant, une réflexion profonde sur le rapport au corps, à l'argent, à la famille… Beaucoup de thèmes donc abordés dans ce « Big Brother » dans lequel on retrouve beaucoup de ce qui fit le sel du renversant « Il faut qu'on parle de Kevin », bien que ce roman-ci soit un ton en dessous : l'intelligente acidité du propos, des personnages fouillés jusque dans leurs travers les plus enfouis, l'absence totale de compromission avec les apparences, jusqu'au twist final qui renverse les termes de la proposition initiale du récit.
Un roman qui laisse sur la rétine l'image du colossal Edison, corps massif et mains aériennes sur les touches du piano, virtuose de sa vie ratée.
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Je connais déjà l'auteur, je sais que ses histoires sont dérangeantes et j'aime ça. L'obésité d'Edison, frère de Pandora, est, pour moi un prétexte pour parler du poids familial, cette culpabilité qui vous pousse à aider un membre de votre famille, parents, fratrie, au point d'en oublier votre propre famille, celle dans laquelle vous vivez. Edison aurait très bien pu être toxicomane ou alcoolique, cela n'aurait pas changer grand chose. Il ne s'entend pas avec Fletcher, le mari de Pandora, mais n'hésite pas à venir chez sa soeur. Au début, le choc de voir son frère obèse, puis le choc de le savoir sans le sou, sans appartement, sans travail, bref à la rue. La visite familiale devient un hébergement temporaire puis devant le manque de réaction de son frère, sa seule motivation reste le saccage des meubles de Fletcher, le lavage de cerveau des deux adolescents, Pandora prend une décision radicale pour aider son frère. Ils vont faire un travail sur leur enfance, sur leurs parents mais malheureusement leur petite soeur reste à l'écart de leurs sentiments. Les protagonistes de ce récit sont souvent énervants, déroutants et pourtant attendrissants. La famille passée au vitriol, j'adore ! Entre l'envie de tourner vite les pages pour connaître la suite et le fait de refermer le livre quand les scènes sont à la limite du supportable - la scène des sanitaires est grandiose, l'épilogue aussi - j'ai passé un excellent moment avec ces nombreux personnages qui constituent une famille et quelle famille. L'auteure a perdu un frère qui souffrait d'obésité.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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