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Critique de GaLim


En premier lieu, place aux remerciements !

Merci à nicolasbabelio de m'avoir sélectionnée dans le cadre de l'opération Masse critique jeunesse de ce joli mois de mai ;
Et merci aux Éditions Casterman d'avoir fait voyager ce livre jusqu'à moi.
Pour faire honneur à ce beau cadeau, je vais essayer de m'appliquer pour rédiger ma critique.


Comme son titre l'indique, D.R.U.G.S. est un roman axé sur le thème des addictions, et autant sur la forme que sur le fond, il est indubitablement original, assurément déroutant, quelque peu dérangeant, et avantageusement dénué de propos moralisateurs.

Ivy, 18 ans, souffre d'un trouble du déficit de l'attention (TDA) qui nuit grandement à ses études et entrave ses relations sociales. Pour remédier à son problème ? Une seule solution, prendre un traitement médicamenteux : l'Adderall. Mais voilà, Ivy a toujours refusé ce dernier. Difficile à l'âge où l'on se cherche de devoir dépendre de comprimés pour s'assurer un mode de fonctionnement adapté ou "normal". Après avoir vainement tenté d'autres substances plus récréatives (alcool, cannabis...), Ivy sent bien que la solution n'est pas là, et fortement incitée par ses parents, elle décide enfin de se rendre à l'évidence : elle doit se résoudre à prendre de l'Adderall. Au contact d'Ivy, celui-ci se personnifie pour devenir Addison, fidèle compagnon de route, tour à tour ami, soutien, confident, thérapeute, et la vie devient tout autre pour cette jeune femme qui se découvre de réelles capacités. Mais... attention à l'excès de cette substance qui de médicament salvateur, peut vite devenir une drogue destructrice.

Isaac, 17 ans, est le frère d'Ivy, bien que son exact opposé. Bon élève, sérieux, mature, capitaine de son équipe de foot, bref, c'est l'incarnation même du fils idéal. Mais ça, c'était avant qu'un petit grain de sable vienne enrayer cette belle mécanique ! Une banale entorse à la cheville et tout dérape... Un premier cachet de Roxicet (oxycodone) pour supporter la douleur et assurer un match important, puis un deuxième pour être sûr de ne pas avoir mal, puis un troisième au cas où, puis... et puis... c'est la descente aux enfers jusqu'à s'enliser dans le marasme de l'addiction. Et à présent, Isaac ne peut plus se passer de Roxy, la personnification du Roxicet, avec qui il noue une véritable relation amoureuse, bien que destructrice.

Dans ce roman, les quatre protagonistes sont donc Ivy et Isaac du côté des "humains" et Addison et Roxy du côté des substances médicamenteuses. Pourquoi parler ainsi de substances et non directement de médicaments ou de drogues ? Parce que la distinction entre les deux est parfois difficile à établir, comme nous le prouve ce roman, ce qui m'amène à penser que finalement, les anglo-saxons ont peut-être raison de ne pas différencier les deux termes en utilisant le mot unique "drugs". Il est bon de rappeler qu'un médicament, s'il peut soigner, peut aussi devenir une drogue et conduire à l'addiction. Mais comment s'en prémunir ? Comment savoir si telle ou telle molécule nous rendra addict ou non ? Questions difficiles que soulèvent ici les Shusterman père et fils... Et si le salut venait de l'attitude avisée et attentive de l'entourage ? A méditer...

Sur l'ouvrage en lui-même, la forme est pour le moins inattendue avec des chapitres et des interludes faisant parler les drogues personnifiées à la première personne du singulier ou du pluriel, me rappelant ainsi le dessin animé Vice-Versa qui utilisait ce procédé pour expliquer la nature profonde des diverses émotions. C'est très habile et fort à propos, pour donner corps à des effets non-palpables et à des ressentis non-perceptibles pour les néophytes. Toutefois, ce que je trouve regrettable, c'est l'attrait et la curiosité que pourraient susciter sur les plus jeunes les passages décrivant la "Soirée" avec fêtes, jacuzzi, danses, et qui au premier abord, pourraient être perçus comme "cool", ce qui va à l'encontre du but recherché.
Autre petit bémol, celui concernant le lexique qui répertorie et associe le nom personnifié des médicaments et drogues à celui des molécules et substances, qui, pour plus de clarté aurait dû être placé en début de roman et non à la fin.

Quoi qu'il en soit, D.R.U.G.S. est un roman qui ne peut laisser le lecteur indifférent, tant il donne matière à réflexion sur NOS comportements vis à vis des médicaments et autres substances. Vous êtes déjà addict ? Lisez ce livre qui peut servir de prise de conscience et vous donner les clés pour vous faire aider. Vous prenez régulièrement des médicaments par pur réflexe dès le moindre petit symptôme ? Plongez-vous dans la lecture de ce livre qui vous amènera à vous questionner sur votre rapport aux substances. Vous pensez ne pas être concerné par le sujet ? Prenez le temps de parcourir cet ouvrage et vous serez étonné de constater à quel point l'addiction peut concerner tout le monde : vous, vos enfants, vos parents, vos proches, vos amis... Pour toutes ces raisons, je recommande vivement une lecture sans modération de D.R.U.G.S. de Neal et Jarrod Shusterman.

P.S. : pour les futurs lecteurs, lisez attentivement les titres des chapitres, y compris les lettres en caractère gras !
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