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Critique de Lamifranz


Henryk Sienkiewicz (1846-1916), prix Nobel de littérature en 1905, est un écrivain polonais connu universellement pour « Quo vadis ? » (1896) … et c'est à peu près tout. Pourtant, dans le domaine du roman historique, il est l'auteur de deux oeuvres marquantes qui méritent notre attention : « Les Chevaliers Teutoniques (1900) (en deux parties : « Les Chevaliers Teutoniques » et sa suite « Les Remparts de Cracovie ») et « Par le fer et le feu » [une trilogie composée de « Par le fer et le feu » (1883), « le Déluge » (1886) et « Messire Wolodyjowski » (1888)].
Nous sommes en Pologne, à la fin du XIVème siècle et au début du XVème. le royaume de Pologne et son voisin le Grand-Duché de Lituanie font face aux velléités hégémoniques des Chevaliers Teutoniques qui occupent le nord des deux pays. Zbyszko (45 points un scrabble, qui dit mieux, zut, c'est un nom propre !) et son oncle Mathieu, deux chevaliers polonais, rencontrent la belle Danusia, fille du terrible Jurand, terrible pourfendeur de Teutoniques. Et c'est le début des embêtements. Parce que notre ami joli coeur fait à sa belle le serment pour le moins téméraire de lui ramener les plumes qui ornent les casques ennemis (un peu comme Obélix qui ramenait les casques, avec ou sans plumes). Vous pensez que les Teutoniques peu comiques renâclent un tantinet à accéder à sa demande, l'emprisonnent et s'apprêtent même à l'exécuter. Il est sauvé in extremis par Danusia qui invoque une vieille coutume polonaise qui tombe, ma foi, fort à propos. Ce pourrait être la fin, mais non, ce n'est que le début. Une autre jeune fille, Jagienka, tombe amoureuse de Zbysko. Jurand continue à combattre les Teutoniques qui par représailles, enlèvent Danusia. A partir de là nous sommes emportés dans un maelström de scènes épiques pour l'époque, de guerres et de combats (dont la fameuse bataille de Grunwald (ou Tannenberg) en 1410), alternant avec de touchantes scènes d'intimité, mais aussi de coups de théâtre, de complots et de trahisons, dans la plus pure tradition du roman historique classique.
Sienkiewicz est un conteur-né. A la manière d'Alexandre Dumas il tisse une toile immense, celle de l'émergence de la Pologne qui cherche son indépendance face à un envahisseur potentiel (c'est aussi le cas de la Pologne du XIXème siècle) au travers de personnages qui, s'ils ne sont pas historiques, ont une dimension et une épaisseur romanesque incontestable. Pas tellement du point de vue psychologique (ils se caractérisent essentiellement par leur amour ou leur haine, avec très peu de nuances) mais par leur présence, et l'enchaînement de leurs actions, héroïques pour les uns, pathétiques pour les autres, et terribles de cruauté pour les Teutoniques. le lecteur, ou la lectrice, ne peut se détacher de cette histoire d'amour et de sang, très romantique dans le sujet, mais assez réaliste dans la description, en tous cas très attachante. On se prend à aimer ces jeunes gens touchants dans leur naïveté et leur amour, à ces adultes figés presque malgré eux dans la haine de l'occupant, on s'émeut quand les tragédies arrivent (car il y en a, ce n'est pas un roman à l'eau de rose), et le style de l'auteur reste fluide (l'intrigue n'est jamais embrouillée), et fort agréable.
J'ai découvert le roman après avoir vu le magnifique film réalisé par Alexander Ford en 1960. Que le nom du réalisateur ne vous trompe pas, c'est un Polonais. le film, bien qu'un peu long, est fidèle au roman, et en constitue une belle illustration.
Edition conseillée : pour les deux romans (« Les Chevaliers Teutoniques » et « Les Remparts de Cracovie ») : Presses-Pocket, Collection « Les Grands Romans historiques », cette édition bénéficie d'une introduction très pertinente et d'un dossier complet en fin de volume (repères historiques, notices historiques, cartes, vie et oeuvre de Sienkiewicz, filmographie, bibliographie et index des personnages) (N.B. Cette collection, malheureusement interrompue après une quinzaine d'ouvrages, est incontournable, pour tout amateur de roman historique).

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