Ayant repris des forces durant la nuit, tous affrontaient cette nouvelle journée avec un mélange d’exubérance et de joyeuse impatience. Jusqu’à la fin de leur vie, ils parleraient à leurs enfants et petits-enfants de cette longue expédition vers l’inconnu, et ceux-ci la raconteraient à leur tour à leurs enfants et petits-enfants. Elle constituait le sommet de leur existence dans ces contrées reculées, une existence se déroulant dans une monotonie étouffante qu’aucun événement ou presque ne venait jamais rompre.
;bientôt, il allait réapparaître sur le pas de la porte, s'approcher d'elle en faisant craquer le plancher, aux lèvres ce sourire qu'elle aimait, un sourire qui n'était ni de ce village, ni de ce monde.
Une chose encore, les gars: imaginez un peu à quoi ressemblerait notre retour au village maintenant -revenir bredouilles, sans avoir résolu l'énigme de la corde! Croyez-vous vraiment que nous pourrions reprendre notre ancienne existence comme si rien ne s'était passé?
Mais l'angoisse qui les oppressait tout particulièrement le soir, leur soif d'espoir et leur besoin d'être consolées étaient si impérieux que même les idées les plus saugrenues les réconfortaient. (p. 80)