Le 25 mai 1720, le 'Grand-Saint-Antoine', navire commandé par le capitaine Jean-Baptiste Chataud, arrive à Marseille. Ce vaisseau a vraisemblablement été infecté à deux reprises lors de son voyage. Malgré les incidents sanitaires survenus à son bord, et en dépit du règlement habituellement mis en oeuvre dans de telles situations, le 'Grand-Saint-Antoine' est autorisé à faire quarantaine à quelques lieues des murs de la ville, et non pas sur une île au large de Marseille. En effet, les propriétaires de la cargaison (parmi eux, les échevins de Marseille) usèrent de leur influence pour empêcher l'exposition (et donc la destruction) des marchandises (notamment les soieries) et même pour réduire au maximum la quarantaine du navire, des passagers et de la cargaison. Le 14 juin, malgré la mort d'hommes d'équipage et de gardes de santé, la quarantaine est totalement levée. Les décès continuent de se produire dans l'enceinte du lazaret, puis, le 20 juin 1720, la maladie frappe pour la première fois dans la ville. Le chirurgien du lazaret, mandaté ensuite par les échevins, qui examine les corps des premières victimes, déclare ne trouver aucun signe de contagion et attribue aux décès les causes les plus diverses : vieillesse, transport au cerveau causé par des fièvres malignes, charbon ordinaire, fièvre maligne.